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Faisait partie du diocèse de Sisteron et de la viguerie de Forcalquier, aujourd’hui dans le canton de Saint-Etienne-les-Orgues. La commune de 3146 hectares est sise au pied de la montagne de Lure et comprend une partie de hauteurs au nord et une partie en plaine et coteaux au sud. C’est dans cette deuxième portion qu’a été recensée une quinzaine de sites antiques (CAG, n° 141, p. 327-329). C’est dans une charte du cartulaire de Saint-Victor de 1073 qu’est cité pour la première fois Ongles, à l’occasion d’une donation faite à l’ecclesia sancte Marie de Alsonica dont un des confronts forme limite avec le territorium castri qui vocatur Ungula (CSV 2, p. 20, n° 679). On rencontre ensuite un certain Is. de Ungla ou de Ungula en 1217 et 1229 (RACP, n° 24, p. 109 et n° 127, p. 236). Enfin, en 1274, sont cités l’ecclesia de Bososcha juxta Ungulam, un capellanus de Ungula, un capellanus castri de Ungula et un rector hospitalis de Ungula (Pouillés, p. 117, 120 et 121).

 

Le village, durant cette période, occupe le site de Vière, colline qui servit à abriter un oppidum à double enceinte qui a pu être occupé jusqu’au Bas-Empire (CAG, p. 327). C’est là qu’il faut situer l’église dédiée à Notre Dame avec le capellanus castri de Ungula. On la date des XIIe et XIII siècles et il n’en subsiste que des vestiges (Collier, p. 120-121 et Provence Romane 2, p. 239). Féraud ajoute qu’elle a été abandonnée comme paroissiale en 1841 (p. 408). Il est probable que saint Barthélemy, choisi comme patron et protecteur de la paroisse à la suite de la peste du XVe siècle, soit devenu le titulaire de l’église à partir de cette période. Une nouvelle église est établie dans le vestibule du château élevé au hameau de la Fontaine. C’est ce qu’affirme l’inventaire de 1906 : l’édifice servant d’église n’est que le vestibule d’un ancien château approprié pour la circonstance en 1841 environ (1 V 67).

 

326. Notre-Dame du Rocher d’Ongles 1

 

Sous le titre de Notre-Dame de Pitié, du Revers, de Revots ou de Benonos, elle dépendait de Saint-André de Villeneuve et est celle qui est desservie par le capellanus de Ungula (Atlas, carte n° 75). Elle se trouve 400 mètres au nord du Rocher d’Ongles (la Batie ou la Bastide selon le cadastre ou Cassini). Au XIXe siècle, elle est sous le titre de Notre-Dame de Pitié et le 9 juilet 1863, il est dit que Mr le Curé l’a fait restaurer et embellir. Elle est spacieuse et la population s’y porte volontiers. On désire qu’elle soit érigée en église paroissiale. Cinq ans plus tard, elle sert de chapelle de secours, puis en 1888 chapelle rurale Notre Dame où les offices se célèbrent comme à la paroisse (2 V 91, 93). Toujours en état, on lui a adjoint un clocher en 1862. En milieu ouvert, cette chapelle était destinée à desservir un habitat réparti dans la campagne alentour et peut remonter à l’époque pré castrale. Le quartier a livré plusieurs sites antiques dont une villa d’époque gallo-romaine.

 

Au beau milieu d’une plaine, on la remarque de loin, surtout par son clocher dominant. Il est dommage que le mur du cimetière la cache en partie quand on s’en approche. L’édifice est parfaitement orienté à 90° avec un chevet plat. L’appareil des murs est remarquable par le choix du matériau. C’est un appareil lité régulier formé de moellons de petits modules, rectangulaires, parfois carrés. La hauteur des lits varie ce qui génère une harmonie évacuant la monotonie. Le mur de chevet présente une plus grande diversité que les autres. On y rencontre des lits formés de pierres disposées de chant, également des pierres plates. Les joints sont fins, parfois comblés de mortier, le plus souvent à sec. De rares endoits ont été (mal) refaits, mais l’ensemble est homogène du sol au faîte des murs. Une seule porte, au sud, permet d’accéder à l’intérieur. Elle est formée d’un arc plein cintre composé de fins claveaux en pierre de taille décorés d’un large chanfrein. L’arc repose directement sur les piédroits formés de pierres de taille de différents modules dont les queues sont appareillées. La clef de l’arc est décorée d’une pointe de diamant en partie cassée. Elle peut dater du début du XVIIe siècle. R. Collier décrit l’intérieur avec une nef à trois travées, voûtée en berceau brisé, avec de forts doubleaux partiellement engagés dans la maçonnerie et reposant sur des pilastres saillants, à grandes impostes à méplat et à talon. Il date l’église du XIIIe siècle, voir du XIIe siècle (p. 120-121). Il est certain que cet édifice est peu connu et mériterait une plus grande attention.

 

Le monument est défiguré par un ermitage accolé sur la façade ouest mais qui présente au sud une porte surmontée d’une stèle encastrée dans le mur. Cette stèle en calcaire et en forme de croix grossière figure en relief une croix pattée dont les bras sont étroits au centre et plus larges aux extrémités. En réemploi elle devait être disposée à l’origine au-dessus d’une tombe. Les archéologues la datent de la période mérovingienne (CAG, p. 328).

 

327. L’église Sainte-Marie de Boira des Hospitaliers

 

C’est l’une des cinq églises qui est donnée aux Hospitaliers en 1155 en même temps que celle des Omergues, de Saumane et de l’Hospitalet (GCN I, Inst, col. 450). Elle est sous le titre de Sancte Marie de Boira et va dépendre de la commanderie de Lardiers. C’est elle qui est desservie en 1274 par le rector hospitalis de Ungula. A part la cinquième constituée par l’église Saint-Pierre de Manosque, les quatre autres sont situées dans des communes limitrophes de Lardiers. Pour retrouver Sainte-Marie de Boira, la carte et le cadastre napoléonien livrent le toponyme Bouiron, à la fois nom de quartier, de section et de hameau. Ils sont situés au nord de la commune au bord d’un ancien chemin passant par Lardiers, l’Hospitalet et gravissant la montagne de Lure. Seule la carte de Cassini n° 122 indique un édifice religieux à Rennes, hameau jouxtant Bouirond. Rennes, aujourd’hui Raynes et Bouiron sont quasiment unis en un seul hameau. En 1155, cette église existe déjà et le texte n’est qu’une confirmation d’une donation qui remonte au début du XIIe siècle (voir les Omergues). L. Pelloux cite une charte de 1266 nommant Berron et Brecunia (Boiron et Brécuigne) comme faisant partie des terres appartenant aux Chevaliers de Malte (p. 37) On peut donc considérer cette église, vu son implantation en milieu ouvert, comme un édifice faisant partie des premières paroisses fondées avant l’enchâtellement.

 

Parmi les citations de 1274 reste l’ecclesia de Bososcha juxta Ungulam dont nous n’avons trouvé aucune trace, ni toponymique ni dans un autre texte, à moins qu’il faille l’assimiler à l’église Notre-Dame du Rocher d’Ongles.

 

Synthèse

 

Le territoire, outre l’église du castrum sur un site antique, a accueilli deux ordres religieux, l’abbaye Saint-André de Villeneuve et les Hospitaliers. Ceux-ci se sont implantés en milieu ouvert, ayant hérités, semble-t-il, d’églises déjà existantes lors de leur prise de possession.

 


1 Bibliographie : « Notre-Dame d’Espérance à Ongles », Les chapelles à ermitage et leurs ermites, Bul. AESPRHP, n° 23, 2000, p. 27-29. Voir également PELLOUX L.,Notices géographique et historique sur les communes du canton de St-Etienne-les-Orgues, Forcalquier, 1887, p. 29-44.

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Faisait partie du diocèse et de la viguerie de Sisteron, aujourd’hui dans le canton de Noyers-sur-Jabron. Cette commune est aux confins du département à l’ouest et à la source du Jabron. Elle s’étend sur 3422 hectares de chaque côté du torrent. Mais sa frontière sud n’est pas constituée par le sommet de la Montagne de Lure, ici le Pas de la Croix à 1323 mètres, car le territoire se poursuit sur le flanc sud de la Montagne de Lure. Ce dernier terroir constituait au Moyen Age la communauté de Villesèche et il est probable qu’à la suite des guerres et de la peste, il fut réuni aux Omergues au début du XVIe siècle. En 1471, les deux communautés ne comptaient plus que 110 habitants, nombre infime par rapport à l’étendue du territoire.

 

VILLESECHE

 

La première apparition du toponyme date du 9 janvier 1082 quand l’ancien évêque symoniaque de Gap, Ripert, en compagnie de son épouse et de ses fils, donne à l’abbaye de Cluny, de son héritage, tout et l’intégralité du territoire de Leboret et del Vorze (quartiers du Haut et Bas Labouret, commune de Revest-du-Bion). Pour bien délimiter la donation sont donnés les confronts, dont celui de Vilaseca qui se trouve au nord de Revest (CLU IV, n° 3590, p. 744-745). Le vocable évoque une villa non fortifiée dont l’origine pourrait remonter à la période carolingienne. Cependant à un moment donné la population s’est réfugiée sur une hauteur qui se trouvait sur le mamelon dit St-André, altitude 1183 mètres, situé 1500 m au SO de Saint-André-de-Villesèche 1. La CAG y signale les substructions d’une vingtaine de maisons bâties et autant en pierres sèches, ainsi que les vestiges d’une tour et d’un petit ouvrage défensif (p. 327). Saint André est le titulaire de l’église et a donné son nom au nouveau hameau. Cette église n’est pas citée par les Pouillés, mais par GCN au XIVe siècle avec le prior Sancti Andreo de Villa cica (GCN I, col. 473). Le site de hauteur ayant été abandonné ainsi que son église, le centre communautaire s’est regroupé en milieu ouvert avec une nouvelle église et le cimetière. Ceux-ci sont aujourd’hui en ruine (altitude 1093 m au Plan de Lachau).

 

LES OMERGUES

 

C’est en 1155 qu’est confirmée par l’évêque de Sisteron Pierre de Sabran l’appartenance à l’Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem de l’ecclesia de Amenicis (GCN I, Inst, col. 450). Cette confirmation fait suite aux donations de ses prédécesseurs Giraud et Raimbaud, ce qui les fait remonter au début du XIIe siècle. Une bulle d’Adrien IV publiée l’année suivante renforce encore les donations. Le membre d’Omergues va dépendre de la commanderie de Lardiers (Atlas, carte n° 68). C’est pourquoi en 1274, les Pouillés citent un commendator de Amenicis et ecclesia dicti loci (p. 121).

 

Le premier habitat n’était pas situé où il est actuellement mais au lieu-dit Vière, vocable évoquant une agglomération disparue perchée sur la hauteur pouvant remonter au Xe siècle. Descendu au cours du XIe siècle, un nouveau site s’est installé au pied au lieu-dit la Fontaine. C’est là qu’il faut placer l’ecclesia de Amenicis et la demeure des Hospitaliers. Plus au nord, sur la rive droite du Jabron, le cadastre de 1831 indique le lieu-dit la Chapelle, édifice qui va devenir la paroisse à partir du XVIIIe siècle, elle figure sur Cassini aux Amergues.

 

Synthèse

 

Les visites pastorales du XIXe siècle ne citent aucune chapelle rurale. Cependant, d’anciennes églises et chapelles avaient déjà complètement disparues à cette époque. C’est le cas de l’église Saint-André sur le mamelon du même nom à Villesèche, c’est le cas également des églises de Vière et de La Fontaine. Il existait probablement une chapelle succursale à Valaury, hameau éloigné de l’église de Villesèche ; et enfin, la chapelle des Amergues qui va devenir la paroissiale actuelle. Que ce soit à Villesèche ou aux Omergues, on constate encore le déplacement de l’habitat, d’un milieu ouvert à un milieu perché et défensif et de nouveau un retour dans la plaine.

 


1 C’est l’avis de G. Barruol qui place à cet endroit le premier village (La Montagne de Lure, p. 290). Il ajoute que l’église était encore debout au XVIIe siècle. La consultation du cadastre de 1831 n’a rien apporté de concret. Par contre en section E 3, près du hameau de Valaury est cité le chemin de la chapelle et il est possible qu’une succursale ait été établie dans cette zone éloignée de Saint-André.

 

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Faisait partie du diocèse et de la viguerie de Sisteron, aujourd’hui chef-lieu de canton. La commune, de plus de 5400 hectares, s’étage de chaque côté des rives du Jabron, dominée au nord par la Montagne de l’Ubac, 1280 m, et au sud par le sommet de Lure, 1826 m. Deux communautés lui furent adjointes, la commune de Jarjayes en 1832 et la communauté d’Aigremont à la fin du Moyen Age. Elles étaient situées à l’ouest de Noyers, Jarjayes principalement sur la rive droite du Jabron, Agremont au nord de Jarjayes, lieu-dit aujourd’hui Saint-Martin. 1000 habitants en 1317, plus que 200 en 1472, le territoire fut durement marqué par la grande crise des XIVe et XVe siècles. Il faut attendre 1765 et 1851 pour retrouver le même nombre d’habitants, puis c’est de nouveau la décrue pour aboutir à 262 habitants en 1962 (Atlas, p. 187). Le vaste territoire, riche en produits de toute sorte, céréales, fruits d’été et d’hiver, a favorisé l’installation de plusieurs prieurés et églises. Ils sont recensés par les Pouillés de 1274, qui, outre l’ecclesia de Nogeriis  avec son capellanus, citent l’ecclesia de Alto monte avec le capellanus Sancti Martini et le capellanus Sancti Nazari territorii de Nogeriis. Il faut ajouter le prieuré de Saint-Julien cité par Achard que recopient Féraud et Abbayes et Prieurés (Achard II, p. 285). Mais d’autres chapelles apparaissent également.

 

NOYERS-SUR-JABRON

 

Le village ou castrum de Noyers était bâti sur une éminence…, c’étoit une forteresse enfermée dans une enceinte de murailles dont il reste quelques vestiges (Achard II, p. 183). L’église paroissiale dédiée à Notre-Dame de Bethléem et à Sainte-Euphémie est une église romane parmi les plus grandes de Haute-Provence (32 m x 12 m) et son architecture est exemplaire. Classée MH en 1923, elle fut restaurée avec soin de 1970 à 1974 et reste le seul témoin de la prospérité du village qui n’offre plus que des pans de murs informes 1. C’est en effet à partir du milieu du XIXe siècle qu’il fut progressivement abandonné au profit d’un nouveau village construit dans la vallée. Une nouvelle église y est élevée en 1866 sous le titre de l’Immaculée Conception, l’école en 1855 et la mairie en 1913 2.

 

318. Prieuré Saint-Martin d’Aigremont

 

L’ecclesia de Alto monte est citée en 1274 en même temps que celles de Saint-Vincent (du Jabron), de Gensiac, et de Malcor (Pouillés, p. 119). Ces quatre fiefs sont achetés le 6 mai 1299 par Pierre Giraud, prévôt de l’abbaye de Cruis, pour le prix de 50.000 sols, à Bertrand de Baux 3. Pour l’abbé Féraud recopiant textuellement Achard, il y avait deux seigneuries et leurs possesseurs prenaient le titre de seigneurs de Noyers et de St-Martin d’Aigremont. La seigneurie passa successivement en différentes mains : après avoir appartenu à l’abbaye de Cruis, elle fut réunie, en 1340, au domaine comtal, avec la terre d’Agremont (Achard, p. 183, Féraud, p. 486). Alto Monte est traduit par Aigremont ou Agremont et a laissé une trace toponymique avec le vocable Montaigre à 1000 mètres au sud du Col de Blauge sur la carte IGN (altitude 1200 m). L’église du prieuré est sous le titre de saint Martin comme stipulé en 1274 et a laissé son nom au hameau Saint-Martin, à l’altitude de 810 mètres. Encore citée au XIVe siècle avec le prior Sancti Martini de Nogeriis (GCN I, col. 472), il n’existe plus aucune trace de l’église, aussi bien sur Cassini que sur le cadastre napoléonien. Il est probable que la perte importante du nombre des habitants a causé sa destruction et que le fief d’Agremont a perdu son identité.

 

319. Prieuré Saint-Julien

 

Il est seulement cité par Achard qui ajoute qu’il dépendait de l’abbaye de Cruis ou plutôt de Valbelle et que M. de Thomassin, évêque de Sisteron, unit vers le commencement de ce siècle (XVIIIe) à son séminaire de Manosque. Le seul indice de localisation de ce prieuré est fourni par le cadastre de 1831 qui signale un petit bâtiment avec une croix appellé St Julien, en section E 1, parcelle 479, situé à 500 mètres au nord du hameau de Marremieaille et touchant à l’ouest un chemin du même nom. On retrouve ce chemin sur la carte IGN et il faudrait placer ce St Julien entre Mallemialle au sud et les Prés du Rey au nord.

 

320. Prieuré Saint-Nazaire

 

Il est cité par Achard en même temps que celui de Saint-Julien, mais il apparaît en 1274 avec un capellanus Sancti Nazari territorii de Nogeriis. Ce prieuré dépendait également de Cruis. N’ayant plus de nouvelles par la suite, il faut recourir à des documents plus récents pour le retrouver. Il est signalé d’abord par Cassini sous le nom de St Nazaire avec un bâtiment surmonté d’une croix. Le cadastre de 1831 nomme dans la section C 1 un quartier Saint Lazare et pré du preire et au hameau de St Lazare indique un bâtiment avec une croix, parcelle 197. Nazaire s’est tranformé en Lazare, mais il s’agit du même prieuré avec le pré du prêtre, ancienne possession attenante. Enfin, la carte IGN indique le lieu-dit St Nazaire, sur la rive droite du Jabron, au SSE du nouveau village, entre les Latils et les Suquets, mais sans édifice religieux.

 

321. La chapelle des Pénitents

 

Elle jouxtait au sud l’église du Vieux Noyers, incorporée dans le cimetière. Elle est clairement dessinée par le cadastre napoléonien avec une abside en hémicycle orientée vers le nord (Section F, parcelle n° 2). Le cimetière s’étend à l’ouest. Lors de l’inventaire de 1906, à côté de l’église paroissiale, une ancienne église dite des Pénitents, construite avant la Révolution, aujourd’hui à demi écroulée (1 V 68). Aujourd’hui, il n’en subsiste qu’un pan de mur méconnaissable.

 

322. Chapelle Saint-Bevons

 

Elle ne figure ni sur Cassini ni sur le cadastre et les deux informations que nous possédons semblent être véridiques. C’est d’abord l’enquête sur les lieux de culte de 1899 qui signale la chapelle S. Bevons de 1851. Messe à la Pentecôte. Puis, l’inventaire de 1906, chapelle de St Bevons, au quartier de Pierre Impie, 80 m², construite en 1856, non meublée. Les dates de construction divergent et on retrouve les ruines de cette chapelle sur la carte IGN à quelques 800 mètres au SSO du Rocher de Pierre Impie. C’est pour honorer le saint local, châtelain de Noyers et vainqueur des Sarrasins selon les Ephémérides que les habitants construisirent cette chapelle et y vénérèrent une relique du saint 4.

 

323. Chapelle Saint-Claude

 

Elle est située à mi-chemin entre le hameau de Saint-Martin et le village du Vieux-Noyers sur un ancien itinéraire à mi-pente de la montagne devenu GR aujourd’hui, à l’altitude de 920 mètres. Elle est citée comme chapelle rurale lors des visites pastorales du XIXe siècle. L’enquête de 1899 la date du XVe siècle et rapporte qu’on y dit une messe le jour de l’Ascension. L’inventaire de 1906 est encore plus précis : chapelle St Claude, construite en 1620 ou 1680 (chiffres mal formés) de 21 x 9 = 189 m², meublée. Un petit clocher avec une cloche en bronze portant la date de 1628. Il semble qu’il faut opter pour 1620, la cloche ayant été installée huit ans plus tard. La chapelle est encore en parfait état aujourd’hui.

 

324. Le Prieuré Saint-Julien

 

C’est un site situé au nord du village de Noyers et du hameau de Chénebotte, à 670 m d’altitude, où est signalé le Prieuré ruines. La carte de Cassini l’omet, par contre le cadastre de 1831 dessine trois bâtiments dits le Prieuré en section D 1, mais sans signaler l’un d’entre eux par une croix comme celà est fait par ailleurs. Tout le quartier porte le nom de Le Prieuré. Dépendant de l’abbaye de Cruis, la chapelle fut rebâtie en 1619 puis en 1742. Elle est aujourd’hui en ruine. Il subsiste quelques pans de murs de trois bâtiments disposés autour d’une cour intérieure (PR, n° 15, p. 16).

 

 

JARJAYES

 

L’ancienne commune occupait une petite partie de la rive gauche du Jabron, à l’ouest de la commune de Noyers et surtout de la rive droite jusqu’au sommet de la Montagne de Lure. C’est par un certain Rostagnus de Gargaia cité vers 1050 comme témoin qu’apparaît le nom de Jarjayes. On le retrouve en 1080 avec Antelmi de Gargaia, également témoin. Puis, en 1234, c’est un priore de Jariaja qui est encore témoin (CSV II, n° 675, p.17, n° 1089, p. 555 et n° 922, p. 339). Ce n’est pas parce que ces trois personnages sont cités par le cartulaire de Saint-Victor que Jarjayes dépendait de cette abbaye. Il était, comme la majeure partie des églises de la vallée, dépendant de l’abbaye de Cruis. L’église est citée en 1274 avec le capellanus ecclesie de Jargaia (Pouillés, p. 120). On peut la situer à l’endroit indiqué la Cure par la carte IGN. Le cadastre, au quartier Saint-Pierre indique un bâtiment non colorié avec une croix à l’intérieur dit la Paroisse (section H 1, parcelle 172). Cassini signale l’église comme une paroisse à part entière. En effet, c’est à partir du rattachement à Noyers en 1832 que la paroisse de Jarjayes va devenir une simple succursale. Il semble même qu’elle passe dans les mains de particuliers ; c’est ce que déclare l’inventaire de 1906 : l’église de Jarjayes appartient aux familles Siazien et Borel qui l’entretiennent. 72 m². Reconstruite en 1850 (1 V 68). Aujourd’hui, elle est en ruine. Elle était sous le titre de saint Pierre comme l’atteste l’abbé Féraud et le cadastre de 1831 qui nomme les quatre feuilles de la section H, Saint-Pierre (Jarjayes est compris dans le cadastre de Noyers).

 

325. La chapelle de Pelegrine

 

C’est la carte de Cassini qui signale une chapelle au quartier dit Pelgrine. Le cadastre de 1831 nomme tout le quartier situé au sud de la commune Section de Pelegrine et de Lure et cite en outre le chemin de Pelegrine provenant de la vallée, un quartier dit les Gleiges et la crête des Gleizes et enfin l’hubac du preyre. La carte IGN situe la Montagne de Pelegrine ainsi qu’une bergerie ruinée dite Pelegrine au sud de la commune à l’altitude moyenne de 1200 mètres. Deux kilomètres plus au sud d’élève le sommet de Lure à 1826 mètres. Tous les toponymes relevés, les gleizes, l’église, le preyre, le prêtre et pelegrine, pèlerin, évoquent une église, un desservant, un pèlerinage. Mais aucun témoin ne vient confirmer cette hypothèse.

 

Synthèse

 

L’étendue et la richesse de la commune ont incités les ordres religieux à venir s’y installer. Ne possédant pas de citation d’églises avant 1274, il est difficile de connaître l’état des prieurés avant cette date. Ganagobie et Cruis se sont principalement développés aux XIe et XIIe siècles, de même les fiefs de Noyers, d’Aigremont et de Jarjayes.


1 Description de l’église, Collier, p. 119 et Provence Romane 2, p. 238

2 COLLECTIF, La Montagne de Lure, p. 288. Description de l’église par Collier, p. 385-386.

3 Féraud, Souvenirs religieux, p. 84.

4 Guy Barruol, dans La Montagne de Lure, p. 181. Egalement F. Trouche, Ephémérides des saints de provence, M. Petit, 1992, p. 55-56. Pour l’historique et description de la chapelle, PR, n° 15, 1993, p ; 9-12.

 

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Faisait partie du diocèse de Sisteron et de la viguerie de Forcalquier, aujourd’hui dans le canton de Forcalquier. La commune est située à l’est de Forcalquier dans un paysage de plaines arrosées par le Lauzon et le Beveron et de coteaux peu élevés. Elle est traversée par l’ancienne voie domitienne et les traces d’occupation antique sont abondantes depuis la Protohistoire jusqu’à la fin de la période gallo-romaine (CAG, n° 138, p. 324-326). On ne connaît pas le nombre d’habitants en 1315, mais en 1471, le pays est inhabité. Le maximum de population sera atteint en 1851 avec 379 habitants, mais le terroir dépasse à peine les 1000 hectares. Niozelles apparaît en 1031 quand Isnardus et mon épouse Dalmacia avec mes fils, Isnard, Willem, Rostaing et Isoard, nous donnons ….. l’église fondée en honneur de saint Marcellin qui est dans le comté de Sisteron et dans le territoire de la ville Nuazellas avec les terres cultes et incultes, etc… Suivent les confronts des biens offerts où sont cités aqua Auson (le Lauzon) et rivum Beverun (le Beveron). Lors de la charte de Saint-Martin de Cruis, l’évêque de Sisteron Gérard Chevrier, entre 1060 et 1064, confirme l’appartenance à Saint-Victor de l’ecclesia sancti Marcellini ad Nuazellas (CSV II, n° 660, p. 8).

Cette église ne semble pas être celle du village actuel, en effet les Pouillés de 1274 énumèrent trois églises, dont l’ecclesia de Nuzellis qui est celle du village ; puis un prior Sancti Marcellini subtus Niuzellis, soit un prieuré situé sous Niozelles ; enfin un rector ecclesie Beate Marie juxta Niozelles, soit une église située près de Niozelles (p. 115-116). Au XIVe siècle, on retrouve encore les trois églises, celle du village est une prébande, prebendatus de Niuzellis, et dépend des deux chapitres de Sisteron et de Forcalquier ; c’est ce que confirme la carte n° 66 de l’Atlas en ajoutant que la titulature de l’église est à saint Etienne. L’église comme il se doit est desservie par un vicarius de Niuzellis. Est cité de nouveau le prior beate Marie de Niusellas ainsi que le prior S. Marcellini propre Niusellas, « proche de Niozelles » (GCN I, Inst. Sisteron n° XXXVI, col. 471 et 473). L’église paroissiale présente, selon Collier, des survivances d’une église du XVIe siècle (p. 173). Elle a été entièrement reconstruite en 1681 et Louis de Thomassin, évêque de Sisteron, vient la consacrer : par ses soins, ceux du chapitre de Forcalquier et de M. de Glandèves, seigneur du lieu, on construisit l’église paroissiale de Niozelles qu’il consacra sous le titre de saint Etienne, martyr, et lui donna pour patrons saint Alban et saint Candide (GC I, p. 134).

 

316. L’église de la bienheureuse Marie près de Niozelles

C’est sous cette appellation qu’est citée cette église en 1274 et au XIVe siècle. Elle n’apparaît plus par la suite sinon sous la forme d’une église ruinée signalée par Cassini et par le nom d’un quartier par les cartes modernes et dite Eglise Vieille. Le site est à 700 mètres au SO du village et pourrait constituer l’église paroissale d’origine lors de la création du castrum. En effet, à proximité, à l’est, vestiges situés près de la ferme appelée Vieille Eglise ; au sommet d’une butte, s’élève un tronçon de tour ronde, au joli appareil régulier collé sur un blocage de moellons : sa patine est grisâtre et elle peut dater du XIIIe siècle. Des murs de soutènement remontant au Moyen Age, en appareil régulier, sont plaqués çà et là, sur les flancs de la butte. Elle forme, à sa partie supérieure, un petit plateau inégal, bossué de pierres. Il dut y avoir là une agglomération, peut-être l’ancien Niozelles. Cette tour consitue un spécimen intéressant d’architecture militaire du Moyen Age et mériterait d’être conservée (Collier, p. 312). La CAG reconnaît sur cette butte un oppidum, des vestiges de remparts, d’une tour, ainsi que des céramiques du haut Moyen Age (p. 324).

 

317. Le prieuré Saint-Marcellin

L’église du prieuré, quand elle est donnée à Saint-Victor en 1031, existe déjà et appartient à des laïcs. C’est encore une de ces églises et ses biens qui ont été accaparés au Xe siècle par des petits seigneurs locaux lors des troubles survenus à cette époque en Provence. Cet Isnard de Niozelles est cité plusieurs fois par le cartulaire entre 1030 et 1057 et apparaît comme un personnage éminent. Il est en compagnie des vicomtes de Forcalquier et de Sisteron, ainsi que d’Isnard de Volonne et sert de témoins. Son épouse se prénomme Dalmatia 1. Son ascension sociale tient sans doute à ce que sa famille a participé avec le comte Guillaume à l’expulsion des Sarrasins à la fin du Xe siècle et a été largement pourvue en terres et bénéfices. C’est ainsi qu’il a hérité du prieuré et de ses terres. Le problème est qu’il ne reste aucune trace de ce prieuré qui est cité jusqu’en 1135 en possession de Saint-Victor. Aucune ruine, aucun toponyme pouvant le rappeler ne figurent sur Cassini, le cadastre napoléonien et les cartes actuelles. Les vestiges d’une nécropole ont été signalés à 300 m au sud de la motte castrale de la Grande Bastide, entre la N 100 et le Beveron. Elle était composée de tombes en lauzes comportant des céréamiques de l’Antiquité tardive et médiévale (CAG, p. 325). Mais il n’est pas sûr que le prieuré soit placé à cet endroit. Un autre toponyme, les Moines, déjà cité par Cassini, pourrait rappeler le souvenir des moines de Saint-Victor. Il est situé à 500 à l’est de la Bastide-Neuve.

 

Synthèse

On retrouve encore ici la succession des édifices religieux suite au déplacement de la population. C’est d’abord une église précastrale, peut-être déjà église d’une villa carolingienne, qui cède la place au regroupement dans le castrum avec une nouvelle église. Enfin, c’est le retour en milieu ouvert à partir du XVe-XVIe siècle.


1 CSV II, n° 713, p. 59 en 1030 ; n° 659, p. 6 en 1044 ; n° 793, p. 145 en 1057.

 

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Faisait partie du diocèse de Gap et de la viguerie de Sisteron, aujourd’hui dans le canton de La Motte-du-Caire. La commune de Nibles s’étend sur la rive droite de la Sasse, au sud de celle de La Motte et à l’entrée des gorges conduisant vers Valernes et la Durance. Seul, un petit plateau dominant la rivière, appelé le Plan, offre un terrain favorable aux cultures. Durant l’Ancien Régime, il était partagé entre le seigneur du lieu, les Hospitaliers et le recteur de la chapelle Notre-Dame. Il ne restait aux habitants que les terres des collines peu fertiles, ce qui n’a pas favorisé leur expansion. On peut estimer la population à quelques 150-200 habitants en 1315, mais en 1471 le terroir est déclaré inhabité. Le maximum sera atteint en 1765 avec 171 habitants. On n’en comptait plus que 42 en 1999.

 

315. Le prieuré de Ulmebel et la chapelle Saint-Jean. Le castrum de Nibla

 

Trois confirmations d’un prieuré et d’une église appartenant à Saint-Victor sont citées au XIe et XIIe siècle 1. Tous les auteurs s’accordent pour situer Ulmum Bel, « le bel orme », dans la commune de Nibles. Le prieuré n’apparaît plus par la suite. Il est probable qu’il soit passé dans les mains de la prévôté de Chardavon fondée à la fin du XIe siècle et cité en 1319 2. Dans le même temps le castrum se forme et un château et une église se perchent sur le rocher du Duc, à la sortie des gorges dominant la terrasse du Plan. La première église est abandonnée au profit de la nouvelle église paroissiale. On ne la retrouve qu’au début du XVIIIe siècle quand les habitants décident de construire une église sur la terrasse, celle du castrum étant en mauvais état et peu commode. Les consuls proposent la construction de la nouvelle église et de faire icelle proche la chapelle St Jean 3. Celle-ci est en ruine comme remarqué lors d’une visite de l’évêque en 1687, nous aurions trouvé ensuite proche le château dudit lieu de Nibles une chapelle allant toutefois en ruine, la nef toute découverte y ayant un autel tout nu dans le presbytère 4. Le château est le nouveau château élevé sur la terrasse remplaçant celui du castrum. La nouvelle église est achevée en 1717 reprenant la titulature à Notre-Dame de Bethléem de l’église castrale et le cimetière est consacré l’année suivante 5. Les habitants élèvent un autel à saint Jean pour rappeler le souvenir de l’église originelle, car manquant de matériaux, ils se sont servis de ceux de la chapelle ruinée. Les entrepreneurs en ont repris également l’orientation, le chevet tourné vers l’est.

 

Synthèse

 

Nibles est l’exemple typique du passage de la paroisse rurale en milieu ouvert à celle de la paroisse castrale qui s’est effectué au cours du XIIe siècle, de l’habitat dispersé à l’habitat groupé et perché. Le retour vers le premier centre d’habitat s’effectue au cours du XVIIe siècle avec la création d’un nouveau château et au XVIIIe siècle avec une nouvelle église paroissiale sur les ruines de la première.


1 Cella ad Ulmum Bel, 4 juillet 1079 ; ecclesia de Ulmebel, 23 avril 1113 ; in Vapencensi, ecclesia de Ulmebel, 18 juin 1135 (CSV n° 843, 848, 844). 

2 LAPLANE Edouard de, Histoire de Sisteron, Digne, 1843, T II, p. 392-398. FERAUD J.J.M. Souvenirs religieux des Eglises de la Haute Provence, Digne, 1879, p. 85-88.

3 Délibération du 13 mars 1707, ADAHP E Dépôt 137/1.

4 ADHA G 786, f° 14 et ss.

5 ADAHP E Dépôt 137/1. Délibération de 1707 pour la construction de la nouvelle église. Délibération du 20 juin 1718 où il est fait demande à l’évêque par l’intermédiaire de l’archiprêtre de venir bénir le nouveau cimetière auprès de l’église.

 

 

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