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Faisait partie du diocèse de Senez et de la viguerie de Castellane, aujourd’hui dans le canton de Castellane. La commune est située au sud du département jouxtant au sud les deux départements des Alpes-Maritimes et du Var. Les 3334 hectares de son territoire sont répartis entre des montagnes culminant à près de 1900 mètres, des collines entrecoupés de nombreux vallons et deux vallées formées par les rivières du Jabron et de l’Artuby. A la fin du Moyen Age, le territoire était divisé en trois communautés, celles de Peyroules, de La Bâtie-sur-Jabron et du Moutiers-d’Aups. Elles seront réunies au XVe siècle suite aux guerres et à la peste. Il n’existe plus que 60 habitants en 1471 sur les 120 existants en 1315. Peyroules est cité en 1045 quand le clerc Rostaing fait don à Saint-Victor d’un manse situé in Peirolas (CSV II, n° 776, p. 121-122). Cette donation est faite à l’église Sainte-Marie de Castellane aux mains de l’abbaye qui n’apparaît plus par la suite à Peyroules.

 

L’enquête de 1278 révèle que Peyroules et la Bâtie-sur-Jabron ne forment qu’une même paroisse : Peirolis et Bastidam Jabroni. L’église paroissiale du castrum de Peirolis dont le prieur est le seigneur P. Tibaudus et dont la collation appartient à l’évêque de Senez. Le seigneur est Bo. de Galberto. Une autre paroisse est constituée par celle du Mosterium Alpium dont le père abbé de Lérins tient le prieuré dudit lieu entre ses mains et à sa mense. Seigneur Bo. de Galberto et le seigneur abbé ci-dessus sont les seigneurs dudit castrum 1. Lérins possède encore un autre prieuré attesté en 1259 lors de la confirmation par le pape Alexandre IV des biens de Lérins dans l’évêché de Senez : in diocesi Senensi, ecclesia Sancti Johannis de la Fos (CL 2, n° IV, p. 6).

 

Les Pouillés de 1300 et 1376 ne recensent que l’ecclesia de Petrolis, les autres étant aux mains de l’abbaye de Lérins (p. 290 et 292). L’église est sous le titre de saint Pons et était située à 1500 m au NO du village actuel entre les lieux-dit Ville et Adrech de la Ville. La carte IGN y signale une Chapelle ruinée à l’altitude de 1199 mètres. C’est là qu’il faut placer le castrum de Peirolis et l’église paroissiale. C’est ce que confirme Achard, le village étoit autrefois sur une petite colline, avec un château qui relevoit de l’ancienne Baronnie de Castellane. Il remarque que la Paroisse, qui est à quelque distance du village, est sous le titre de S. Pons. Le Patron est S. Antoine (II, p. 220). Mgr Soanen lors de ses visites pastorales de 1697 et 1704 constate la même disposition : la paroisse est esloignée du lieu, avec cimetière joignant ; église St Pons, éloignée du chef lieu d’environ 400 pas au milieu d’une esplanade et au pied de la plus haute montagne avec le cimetière contigu (2 G 17). C’est au début du XIXe siècle qu’elle va être abandonnée au profit d’une nouvelle paroisse située au hameau de la Rivière où existe une chapelle dédiée à sainte Anne. C’est ce que nous apprend l’abbé Féraud : l’église paroissiale, située précédemment dans le village est placée depuis 1830 au hameau de la Rivière. Son titulaire et patronne est sainte Anne (p. 255). L’enquête sur les lieux de culte de 1899 donne une autre date : vieille église paroissiale abandonnée depuis 1803.

 

Devenue simple chapelle rurale sous le titre de saint Pons, elle est citée lors des visites pastorales du XIXe siècle comme étant l’église de l’ancien village, elle est convenable. Alpes Romanes y consacre quelques lignes (p. 57) : l’église Saint-Pons, isolée dans la montagne près du hameau de Ville, dépendait de l’évêque de Senez. Elle appartient au type le plus banal : nef unique de deux travées, abside semi-circulaire voûtée en cul-de-four. Le berceau brisé de la nef s’est effondré. Les murs sont en moellons, mais il s’agit d’art roman tardif. Au surplus, la construction a été reprise au XVIIe siècle (notamment l’abside). R. Collier (1986) la voit différemment : c’est un rude coffre de pierre à l’état pur, avec une abside en hémicycle voûtée en cul-de-four. La nef, sans toiture, n’offre ni moulures ni pilastres, elle dut être couverte d’une simple charpente … L’appareil est en pierres d’assez petit module, taillées plutôt grossièrement, mais rangées par lits assez réguliers. Au total une architecture farouchement simple et naturelle, qui peut remonter au milieu ou à la seconde moitié du XIe siècle (p. 48).

 

340. La chapelle de la Bâtie

 

La Bastide du Jabron, Bastidam Jabroni comme appelée en 1278, a constituée une communauté à part entière jusqu’au XVe siècle. Mais le castrum de Bastide est cité à cette date comme étant uni au castrum de Peyroules. La Bastide pour Cassini et le cadastre de 1834, La Bâtie aujourd’hui, est située à l’ouest de la commune, au bord du Jabron et côtoie la RN 85 ou Chemin de Castellane pour le cadastre napoléonien. Un ravin dit du Villard peut laisser supposer qu’un premier habitat perché ait précédé celui de La Bastide. A la date où elle est citée, la bastide désigne non pas une simple ferme, mais une maison seigneuriale fortifiée (voir Oppedette). Il y avait certainement une église paroissiale, mais elle n’est pas citée par les Pouillés et en 1278, il n’existe qu’un seul prieur qui réside à Peyroules et qui la dessert. C’est Achard qui nous apprend qu’au début du XVIIIe siècle fut établie une église succursale à la Bâtie. Il ajoute que La Bastido deis Peylos ou la Bâtie a une église sous le titre de la Transfiguration, nommée communément Saint Sauvaire. On en célèbre la fête le 6 août. A partir du milieu du XIXe siècle, il semble qu’elle ait perdu son statut de paroisse succursale puisque ni Féraud ni les visites pastorales ne la citent sous ce titre. Ce n’est plus qu’une simple chapelle décrite ainsi par R. Collier : la chapelle du hameau de la Bâtie, portant la date de 1651, est rectangulaire, voûtée d’un berceau légèrement ovoïde, à chevet plat. Au-dessus de la porte, petit clocher-arcade à deux baies (p. 232).

 

341. Saint-Jean de la Foux

 

Le hameau de La Foux est situé à l’est du village dans une petite plaine à 1130 mètres d’altitude où prend naissance la rivière de l’Artuby. Le cadastre napoléonien montre un village étiré tout en longueur comptant un grand nombre de maisons. L’abbé Féraud recense dans la paroisse 181 âmes sans compter les enfants de moins de 7 ans (p. 255). Au Moyen Age, la Foux est le siège d’un prieuré de Lérins comme confirmé en 1259 par le pape Alexandre IV : in diocesi Senensi, ecclesia Sancti Johannis de la Fos (CL 2, n° IV, p. 6). Mais il n’apparaît plus par la suite. Ce n’est qu’en 1697, lors de la visite de Mgr Soanen que l’on apprend qu’il existe la paroisse de la Foux, hameau de Peyroules, sous le titre de st Jean. Achard complète ces données : La Foux est à une lieue du Village, du côté du levant ; l’Eglise est sous le titre de S. Jean-Baptiste. Le jour de la fête, il y a Roumavagi, avec une petite foire. L’abbé Féraud recopie Achard en y ajoutant un détail : Paroisse de La Foux. Eglise dédiée à saint Jean-Baptiste. Le jour de sa fête, il y a roumavagi avec une petite foire. L’érection de cette paroisse date du milieu du XVIIe. Lors des visites pastorales de la fin du XIXe siècle, elle est toujours considérée comme paroisse. L’église est toujours en état aujourd’hui, mais nous n’en possédons aucune description.

 

342. Notre-Dame du Mousteiret

 

C’est la deuxième possession de l’abbaye de Lérins dans le territoire de Peyroules. Le Mousteiret est situé au sud de la commune aux abords de la N 85. Son nom indique bien son origine, prieuré de Lérins attesté en 1278 sous le nom de mosterium Alpium, le Moustiers d’Aups, comme nous l’avons indiqué plus haut. C’est non seulement un prieuré, mais également une paroisse et un castrum dont le père abbé de Lérins est seigneur en compagnie de B. de Gaubert, seigneur également de Peyroules 2. Il semblerait que ce prieuré soit dans les mains de l’abbaye depuis peu de temps. En effet, lors de la confirmation de 1259 par le pape Alexandre IV, seul le prieuré de la Foux est nommé. On sait que le prieuré était dirigé par un prieur et abritait quatre religieux. C’est ce qui est stipulé par les procès-verbaux du chapitre général tenu à Lérins le 13 mars 1353 (Série H, n° 87, p. 31 des ADAM). Dans la même série, le prieuré est uni en 1441 à celui de Gratemoine (H 91, p. 29). Ce dernier, sur la commune de Séranon (A.-M.), limitrophe de Peyroules, avait déjà intégré le prieuré Notre-Dame de Clars en 1305, celui-ci se trouvant à cheval sur les communes de Séranon et d’Escragnolles (H 413, p. 84) 3.

 

Il semblerait que l’union du prieuré à celui de Gratemoine l’ait condamné à une vie par la suite éphémère. Il n’est plus cité après cette date et quand Mgr Soanen va le visiter le 10 septembre 1704, il semble qu’on ait totalement oublié à qui il appartenait autrefois. Il cite une tradition : au Mousteiret, chapelle ayant appartenu par tradition anciennement aux Templiers qui avaient un petit monastère avec divers batiments dont il paroit encore des vestiges. Il faut reconnaître que la tradition attribue beaucoup de biens aux Templiers. Achard apporte des précisions plus solides : le Fief de Mousteyret est dans le territoire de Peyrolles. Il consiste en une seule ferme, dans les terres de laquelle on ferme quatre-vingt charges de blé. Il y a une Chapelle dédiée à Notre-Dame sous le titre de l’Assomption. On ne dit la Messe dans cette Chapelle que depuis le commencement du mois de Mai jusqu’au milieu de Septembre. Le Théologal de Senez est le Décimateur des terres de ce fief. Les Fermiers font commerce de troupeaux. L’Eglise est fort anciène, mais elle est en mauvais état et ne présente rien de curieux, sinon qu’elle est bâtie en pierres de taille et dans le goût gothique. Le mauvais état de la chapelle a dû s’accentuer car on n’en parle plus par la suite et il n’en reste rien.

 

Synthèse

 

Peyroules reproduit encore le schéma du déperchement, mais offre également trois autres lieux de culte dont deux dépendaient à l’origine de l’abbaye de Lérins. Celle-ci n’a pu conserver très longtemps ses possessions au-delà du XVe siècle semble-t-il. Ces églises ont servi de cadre à des paroisses succursales à partir du XVIIIe siècle.

 


1 Enquêtes de 1278, p. 426-427, n° 831-832 et p. 427, n° 833-834.

2 Sur la confusion introduite par Henri Morris, rédacteur du Cartulaire de Lérins, pour la localisation du Mousteiret qu’il place tantôt à Peyroules, tantôt au Brusquet, voir la notice de cette dernière commune.

3 Sur le prieuré de Clars, Daniel THIERY, « Escragnolles, 1562-1819 », Bul. GRHP n° 25, avril 2004, p. 8-9.

 

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Faisait partie du diocèse et de la viguerie de Sisteron, aujourd’hui dans le canton de Volonne. La commune de 1315 hectares est située au sud de celle de Sisteron, sur la rive droite de la Durance et occupe les dernières pentes sud de la montagne de Lure. Elle est limitée au nord par le torrent du Jabron et au sud par la commune d’Aubignosc. Elle est traversée par la RN 85 ou Route Napoléon qui recouvre en partie le tracé de la via Domitia. Divers sites ont été recensés dont un oppidum renfermant un tumulus ainsi que des vestiges de l’époque gallo-romaine (CAG, n° 145, p. 335-339). Les données sur Peipin au début du IIe millénaire sont succinctes, mais apportent cependant quelques lueurs sur l’organisation de la société. Podium Pini, « la colline des pins », apparaît en 1202 et représente la colline qui s’élève au milieu de la plaine et sur laquelle se crée le castrum avec une église dédiée à saint Martin. Celle-ci est citée en 1274 avec un capellanus ecclesie Podii Pini (Pouillés, p. 117). La paroisse dépend de l’abbaye Saint-André de Villeneuve (Abbayes et Prieurés, p. 72). C’est à partir du XVIe siècle que l’habitat va se fixer définitivement au pied de la colline et créer le village de Peipin. L’abbé Féraud date la nouvelle église de 1676 et ajoute que l’on trouve sur une colline une vieille église lézardée qui est abandonnée depuis 1793. On y voit aussi les ruines d’un château démoli, à la même époque (p. 481). L’église reprend la titulature de la première, saint Martin avec comme patron saint Pierre. L’ancienne église, comme la qualifie l’inventaire de 1906, est la propriété depuis la Révolution de Mlle de Castellane (1 V 68). Les visites pastorales ne signalent aucune chapelle rurale. Cependant, en 1274, outre le chapelain de Peipin sont signalés Ondebertus Podii Pini et le rector hospitalis Podii Pini.

 

338. Le quartier Saint-Pierre

 

Aujourd’hui, c’est une zone industrielle et de commerces située entre la Durance et la nationale. Elle porte le nom de Saint-Pierre. Le cadastre napoléonien (sans date) et Cassini indiquent un bâtiment que l’on peut situer à cet endroit. Or saint Pierre est le patron de la paroisse et comme c’est souvent le cas quand une nouvelle église est fondée, elle reprend comme titulaire celui de l’église précédente. L’église du village de Peipin a repris comme titulaire celui de l’église du castrum, saint Martin. Celle du castrum, en prenant comme titulaire saint Martin a gardé comme patron le titulaire d’une église antérieure, saint Pierre. Celle-ci était située en milieu ouvert, à proximité de la voie antique et correspond tout à fait aux premières églises rurales. Mais le défaut de documents plus probants ne nous permet pas d’aller plus avant dans cette conclusion.

 

339. L’Hospitalis de Podii Pini

 

C’est une histoire de mariage qui va déclencher une guerre entre Alphonse II comte de Provence et Guillaume IV comte de Forcalquier et qui va durer de 1191 à 1208. En 1191, Garsende, petite fille de Guillaume est fiancée à Alphonse, héritier présomptif du comté de Provence. Garsende apporte en dot le comté de Forcalquier qui était indépendant depuis le milieu du XIe siècle. Comme la qualifie Laplace cette donation imprudente que devait suivre de près le repentir …. devint la source d’une guerre cruelle que se firent les deux princes et qui ne finit qu’avec eux 1. C’est la ville de Sisteron qui va devenir l’enjeu des deux camps. Le comte de Provence l’avait investi et Guillaume ne pouvait supporter un tel affront dans son comté. Il traite les habitants de Sisteron comme des rebelles et livre le territoire à une impitoyable dévastation.

 

En 1202-1203, des pourparlers ont lieu entre les deux partis pour tenter de trouver un compromis. Ils sont relatés par le RACP (n° 29, p. 29 à 36). Entre autres choses les deux princes donnent des gages sous la forme de castra. Le comte de Provence remet dans les mains de Raimond d’Agoult les castra de Talarno, de Misone, de Podiopini, de Lebriana, de Rocam de Vols et de Vitrolam. Le comte de Forcalquier remet dans les mains de Justas les castra de Clamenciana, d’Oseda, de Canalillas et de Roinas. Dans le cas où la guerre continuerait, tous ces castra seraient alors remis in manibus Templariorum vel Ospitalariorum. Comme la guerre a duré jusqu’en 1208, les gages ont dû être cédé aux Templiers et aux Hospitaliers.

 

Peipin aurait donc échu aux Hospitaliers, ce qui expliquerait la mention du rector hospitalis Podii Pini signalé en 1274. Mais comme il n’existe plus de citation par la suite et que cartes et cadastre restent muets, il est impossible de situer cet hôpital, probablement le long de la voie longeant la Durance, peut-être aux Bons Enfants, non loin du pont franchissant le Jabron.

 

Synthèse

 

A part le déperchement caractéristique, les deux autres données demandent des confirmations. Il serait étonnant que le territoire de Peipin n’ait pas été vitalisé au cours de haut Moyen Age et le prieuré éventuel de Saint-Pierre pourrait en constituer la preuve.

 


1 Ed. de Laplane, Histoire de Sisteron, Digne, 1843, p. 75-84. Cet auteur est le seul à donner quelques renseignements sur cet épisode meutrier. Il cite Ruffi, Bouche et Papon qui n’ont fait qu’embouiller les faits, Papon ayant même traité cet article avec beaucoup de négligence. Les auteurs modernes sont encore plus modestes, ignorant totalement cet épisode. Guillaume meurt en décembre 1208 et Alphonse II le 2 février 1209.

 

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Faisait partie du diocèse de Riez et de la viguerie de Moustiers, aujourd’hui dans le canton de Moustiers. Cette vaste commune de plus de 8100 hectares est bornée au sud par le Grand Canyon du Verdon et jouxte à l’ouest la commune de Moustiers-Sainte-Marie. Sa grande superficie s’explique par la réunion en 1974 des deux communes de La Palud et de Châteauneuf-les-Moustiers. Le peuplement se révèle par des sites protohistoriques répartis sur les deux communes, traversées par une voie antique qui reliait Moustiers à Castellane en franchissant le Col de la Croix de Châteauneuf (CAG, n° 144, p. 333-335). Durant la période carolingienne une partie du territoire fait partie de la villa Rovagonis que l’on situe à Rougon. C’est ce que révèle le polyptique de Wadalde de 814 recensant les biens de l’abbaye de Saint-Victor (CSV II, L, p. 651). Trois colonges et une bergerie ont pu être identifées par Jacques Cru sur le terrain. La colonica in Carnillas peut être placée au Coullet de Counilliés à l’emplacement actuel de la ferme des Allaves, sur Châteauneuf. La colonica in Bagella se trouve à la Bagelle sur La Palud. La colonica in Dogone au lieu-dit Rocas dou Dugo. Enfin, les bergeries in Corcione sont à placer à Courchon sur La Palud 1.

 

CHATEAUNEUF-LES-MOUSTIERS

 

Le territoire est situé dans une zone de montagnes peu favorable à l’implantation humaine, mais offre cependant de bons pâturages et quelques terres à céréales. 250 habitants en 1315 pour n’en compter plus que 15 en 1472. Le maximum sera atteint en 1851 avec 510 habitants. Les 52 habitants de 1962 vont amener la fusion des deux communes. Le village est aujourd’hui désert comme c’était déjà le cas du temps de l’abbé Féraud : les habitants ont déserté le village pour se fixer dans les hameaux de la plaine (p. 127). Châteauneuf apparaît en 1062 quand Pierre, Ermengarde et leur fils donnent à l’abbaye de Saint-Victor un huitième du territoire du château neuf (CSV I, n° 616). Celui-ci regroupe la population dispersée et va former le nouveau castrum qui est cité début XIIIe siècle, castrum novum (GCN I, col. 376). L’église est citée en 1274 avec le prior Castri Novi (Pouillés, p. 107). Elle est sous le titre de Saint-Pons et dépend de l’abbaye de Montmajour : à Châteauneuf, prieuré Saint-Pons, dépendant de Montmajour (Abbayes et Prieurés, p. 61). Reconstruite au XVIIIe siècle, c’est tout ce qui subsiste aujourd’hui du village de Châteauneuf.

 

333. Notre-Dame de la Baume

 

Il s’agit d’une chapelle rupestre située à 1000 mètres au NNO du village. Sans couverture, sinon celle du rocher, elle présente une nef d’une travée voûtée d’un berceau avec un chœur à chevet plat (Collier, p. 400). Cet auteur la date du XVIe ou du XVIIe siècle. Mais la grotte elle-même était investie par des ermites ou frères lais dès le XIIIe siècle puisqu’elle est citée en 1274 avec les conversi de Balmis de Castro Novo (Pouillés, p. 106) 2. R. Collier rapporte qu’un pèlerinage très fréquenté par la population environnante avait jadis la chapelle pour but. Féraud précise que le pèlerinage a lieu le jour de l’Assomption (p. 127). Elle est citée lors des visites pastorales du XIXe siècle, le 13 juin 1860, Notre-Dame de la Baume sous le rocher sur la route de Chauvet. Le curé déclare qu’elle est en état. Elle est de nouveau mentionnée en 1866 et 1872 (2 V 89).

 

334. Saint-Pierre de Chauvet

 

Les Chauvets aujourd’hui, est un hameau situé au nord de Châteauneuf à plus de 1250 mètres d’altitude. Sans doute installée au Xe siècle au Chastelas, altitude 1248 m, la population s’est ensuite fixée aux abords du tracé de l’ancienne voie romaine. J. Cru constate la présence de tegulae et de meules en ryolite sur le sommet de la colline et pense que l’habitat fut détruit et brûlé au XIIe siècle (p.45). En 1096 l’évêque Augier de Riez donne l’ecclesia sancti Petri de Calveti à l’abbaye de Montmajour (GCN I, Riez, Inst. XI, col. 371). Celle-ci se trouvait, selon J. Cru, sur la rive gauche du Baou, au lieu-dit Sant-Peire, au pied d’un petite butte que les habitants appelent « la Gleia ». C’est là qu’il faut situer également l’hospitalerius de Chalveto signalé en 1274 par les Pouillés, bien placé sur l’ancienne voie romaine pour secourir les voyageurs (p. 105 et 106). Il est probable que la chute spectaculaire de la population, plus que 15 habitants en 1471, a condamné le prieuré. Une église est alors été édifiée au XVIe dans le village qui reprend la titulature de saint Pierre. C’est ce que confirme l’abbé Féraud : le prieuré Saint-Pierre de Chauvet fut supprimé dans le XVIe siècle, et converti en église succursale de la paroisse de Châteauneuf (Souvenirs Religieux, p. 51). Cette église est toujours succursale au XIXe siècle, c’est ce qui est indiqué lors des visites pastorales, paroisse Saint-Pierre de Chauvet.

 

335. Chapelle Saint-Jean-Baptiste

 

Elle est citée d’abord par le coutumier de 1835 : paroisse de Chauvet, à la Nativité de saint Jean-Baptiste, fête secondaire, la messe se dit à la petite chapelle rurale construite en l’honneur du saint dans un des hameaux. Puis, lors des visites pastorales, en 1866, elle est déclarée très humide, enfin en 1893 et 1908, la chapelle rurale Saint-Jean-Baptiste est en mauvais état (2 C 89 et 94). Nous n’avons pu la retrouver, aucun trace d’un bâti, ni le moindre toponyme sur Cassini, le cadastre et les cartes actuelles.

 

 

LA PALUD-SUR-VERDON

 

Située au sud de Châteauneuf et bordée par les gorges du Verdon au sud, la commune comprenait plus de 4400 hectares de montagnes. Seule une petite plaine entre 900 et 1000 mètres d’altitude offre un espace relativement propice à l’habitation. C’est d’ailleurs là que sont situés le village et quelques fermes réparties sur son territoire. Il est probable que le premier village ait été perché au lieu-dit les Barris où l’on a détecté des restes de fortifications (CAG, p. 334). Si le castrum de Palude n’est cité qu’au début du XIIIe siècle, l’ecclesia Sancte Marie de Palude est confirmée en 1114 par le pape Pascal II comme dépendante de l’évêché de Riez et plus particulièrement du chapitre cathédral 3. Une phrase du texte fait comprendre que cette église était aux mains de deux frères, Guillaume et Etienne et quand l’un d’eux est devenu prévôt de Riez, ils ont rendus l’église à l’évêque. Le pape Grégoire IX en 1227 confirme toutes les églises dépendant du chapitre de Riez dont l’église Sancte Marie de Palude (GCN I, Inst. XIX, col. 370). De même au XIVe siècle avec la prébanda et le vicarius de Palude. C’est sous le titre de la Bienheureuse Marie de Valle Viridis au chapitre de Riez que la nomme Bartel, mais on ne sait depuis quand ce qualificatif lui a été joint (p. 59). Le Pouillé de 1730 fait de même : prieuré de Notre-Dame de Vauvert. Comme le souligne Alpes Romanes, seul le clocher est ce qui subsiste de l’église romane d’origine (p. 56). Il est inscrit aux MH depuis 1948.

 

336. Notre-Dame de Maireste

 

Maireste est un hameau situé à l’ouest de la commune perché à plus de 800 mètres sur une colline dominant les gorges du Verdon. Un château y est élevé au XIIe siècle sur le sommet de Maireste, recouvrant un oppidum protohistorique (CAG, p. 333). Il est cité au début du XIIIe siècle, castrum de Meiresta, en même temps que celui de la Palud (GCN I, Riez, col. 376). L’église fait partie, en 1227, de la mense capitulaire du chapitre de Riez, comme celle de la Palud, confirmée par Grégoire IX (GC I, p. 351). On ne sait pourquoi elle n’apparaît pas dans les Pouillés de 1274 et de 1351. La seule indication donnée par la suite est qu’elle est sous la titulature de Notre Dame (Bartel, p. 59). Achard est le seul à donner une brève description du quartier de Meyreste où étoit bâti l’ancien village. Il y a des vignes et des oliviers qui produisent beaucoup. Sur la colline est une chapelle dédiée à la Ste Vierge, où l’on dit la Messe par fondation, tous les samedis du mois de Mai, Juin, Juillet, Août et jusqu’à la mi-Septembre (II, p. 198). Le cadastre de 1835 en section D 2 figure le château composé de deux corps de bâtiment flanqués de deux tours rondes et à l’aplomb de la falaise la chapelle Notre-Dame. Les deux figurent également sur Cassini. Ce château date du XVIe siècle et remplace le premier dont il ne reste rien. Seule, l’ancienne église, devenue chapelle, subsistait encore en partie il y a quelques années.

 

337. Prieuré Saint-Maurice de Maireste

 

Au quartier de Saint-Maurice, l’on voit avec admiration trois grandes prairies situées en amphithéâtre d’une hauteur prodigieuse. Une source les arrose, en se précipitant de l’une à l’autre, et forme les plus belles cascades qu’on puisse imaginer. Auprès de ces prés, l’on trouve de grandes cavernes, dans lesquelles on serre le foin et quelque fois les troupeaux. On croit que ces grottes ont servi de retraite à des Solitaires ; on y voit encore des vestiges d’un Autel et une statue de S. Maurice. Le Curé de la Palud est obligé de prendre possession dans cette espèce de Chapelle. C’est ainsi qu’Achard décrit le site de Saint-Maurice (II, p. 198). L’abbé Féraud est moins lyrique mais ajoute que ces grottes ont servi de retraite aux pieux moines de Lérins que saint Maxime y avait amené de l’île de ce nom. Saint Sidoine-Appolinaire nous a transmis, dans son Carmen Eucharisticum, le souvenir de la visite qu’il leut fit avec son ami saint Fauste, évêque de Riez. On voit encore les ruines d’une chapelle en l’honneur de saint Maurice bâtie au milieu des rochers escarpés (p. 129). Comme le fait remarquer la CAG, la christianisation du lieu n’est vraiment attestée qu’à partir du XIe siècle (p. 333).

 

C’est en effet le 4 juillet 1079 qu’est attestée la présence de la cella sancti Mauricii de Meiresca dependant de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille. Cette possession est confirmée en 1113 et 1135 4. Elle change de propriétaire puisqu’en 1227, le pape Grégoire IX confirme la possession de l’église Saint-Maurice de la Palud à l’évêque de Riez en même temps que celle de la Palud et de Maireste. Saint-Maurice semble même constituer une communauté particulière puisque le lieu est qualifié de castrum au début du XIIIe siècle : castrum sancti Mauricieti (GCN I, Inst. Riez, col. 376). L’église est desservie par un prieur cité au XIVe siècle : prior S. Mauricii de Menstra (GCN I, Inst. Riez, col. 385). On ne sait à quelle époque Maurice est transformé en Maurin, Bartel utilisant encore le nom originel ainsi qu’Achard. Il semblerait que les deux noms aient coexisté 5. La chapelle semble encore en état à l’époque d’Achard, mais au XIXe siècle, l’abbé Féraud avoue qu’elle est en ruine.

 

Synthèse

 

Que ce soit à Chauvet, la Palud et Maireste, on constate un premier habitat perché auquel va succéder un habitat non défensif. Mais dans le même temps, des prieurés précèdent ou coexistent comme ceux de Notre-Dame de la Baume et de Saint-Pierre de Chauvet à Châteauneuf ainsi que celui de Saint-Maurice à Maireste.

 


1 CRU Jacques, Histoire des gorges du verdon, Edisud, 2001, p. 23-25.

2 Les frères convers sont des religieux laïcs prononçant des vœux monastiques et particulièrement orientés vers le travail manuel.

3 GCN I, Inst., XII, c. 372-373. Egalement GC I, p. 322-323 qui donne la traduction du texte.

4 CSV II, n° 843, p. 218 ; n° 848, p. 237 ; n° 844, p. 226.

5 Sur Meyreste, J. CRU, p. 53-56, 66, 158-160.

 

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Faisait partie du diocèse de Riez et de la viguerie de Digne, aujourd’hui dans le canton des Mées. La commune est située au sud des Mées, sur la rive gauche de la Durance et arrosée par les torrents de l’Asse et du Rancure. Sa situation géographique à une altitude ne s’élevant pas au-delà des 600 mètres a favorisé comme le relate Achard la culture des céréales, de la vigne et des fruits. Les 3842 hectares de son territoire ont accueilli une population relativement nombreuse par rapport aux communes voisines et qui s’est développée à partir du XVIIe siècle et qui a sans cesse progressé : de 545 habitants en 1315, elle est passée à un peu plus de 1000 en 1765, puis approche les 2000 en 1851, pour parvenir à 3000 en 1962 et aujourd’hui à près de 5000 habitants (Atlas, p. 188). Le pays a accueilli en de nombreux endroits la civilisation romaine, on y a même décelé les traces d’un parcellaire de cette période (CAG, n° 143, p. 331-333).

 

Pour J.-P. Poly, le Cinicino in pago Regense cité dans le testament du patrice Abbon en 739 serait la forme originelle d’Oraison, Cinicino étant une corruption de Uriciuno, nom d’homme Oresius, qui aurait ensuite évolué au XIIe siècle par l’attraction du provençal auro, vent 1. Le castrum d’Auraisono ou d’Auraiso apparaît dès le début du XIIIe siècle 2. Il était situé sur la colline qui domine le village actuel au lieu-dit Ville Vieille où il ne subsiste actuellement qu’une tour ronde en ruine. L’église paroissiale apparaît peu de temps après, en 1274, avec le capellanus de Auraysono (Pouillés, p. 108). Bartel nous révèle qu’elle est sous le titre de la B. Mariae de Toro dont la mense appartient au chapitre de Riez (p. 50). C’est ce que confirme Achard, l’église paroissiale est sous le titre de N.D. du Thor et le prieuré a été réuni à la mense du Chapitre de la Cathédrale de Riez qui présente à la Cure. On ne sait quand l’habitat est descendu définitivement au pied de la colline. L’église paroissiale ne semble pas remonter au delà du milieu du XVIe siècle (Collier, p. 167). On pourrait alors dater l’abandon définitif du castrum durant ce siècle.

 

La carte IGN et le cadastre napoléonien de 1823 livrent cinq lieux-dits portant le nom d’un saint, Sauveur, Georges, Pancrace, Anne et Martin. Cassini en livre un sixième, Pierre. Seuls ceux de Saint-Pancrace et de Saint-Georges sont concrétisés par un édifice. Pour les autres, des recherches seraient à effectuer dans les cadastres de l’Ancien Régime pour tenter de retrouver des traces éventuelles de constructions. En dehors de ces hypothétiques chapelles rurales, l’abbé Féraud signale deux chapelles dans le village : on trouve dans le village deux autres chapelles, l’une en l’honneur de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, qui appartient aux frères Pénitents, l’autre dédiée à Saint-Denis (p. 186).

 

331. Chapelle Saint-Pancrace

 

C’est le seul monument conservé dans la commune et il est investi d’une grande vénération par les fidèles. D’abord parce que saint Pancrace est le patron de la paroisse et ensuite parce qu’on s’y rend encore en pèlerinage tous les ans. C’est ce que révèlent les visites pastorales du XIXe siècle : une chapelle rurale dédiée à St-Pancrace. Procession le jour de la fête du saint (30 juin 1845). L’enquête de 1899 signale deux processions : chapelle S. Pancrace, à deux heures, on y va le 12 mai et le lundi de Pâques. En 1922, la chapelle est signalée en mauvais état, mais a été réparée depuis car elle est en parfait état. Elle est située au sud du village, sur la rive droite de l’Asse, sur une élévation dominant les terrasses de la Durance et le hameau de Saint-Pancrace.

 

332. Chapelle Saint-Georges

 

Elle n’est signalée qu’une seule fois, le 8 mars 1860, en même temps que celle de Saint-Pancrace. Elle était située en amont de cette dernière, sur une colline dominant la rive droite de l’Asse. Un lieu-dit porte encore ce nom au nord du hameau des Coués. La CAG rapporte : à 100 m à l’ouest de la chapelle ruinée de Saint-Georges, au pied d’une colline dominant l’Asse (altitude : 390 m), lors d’un labour vers 1950-1951, deux sépultures sous tuiles en bâtière (p. 333).

 

Synthèse

 

Les données sont trop succinctes pour appréhender l’organisation des édifices ruraux ayant précédé l’enchâtellement. L’importante occupation antique, la présence d’un domaine carolingien, les lieux-dits à nom de saint ne laissent pas apparaître la richesse du territoire et la variété des édifices religieux.

 


1 J.P. POLY, “La petite Valence. Les avatars domaniaux de la noblesse romane en Provence », Saint Mayeul et son temps, SCL, Digne, p. 175 et 180, note 71.

2 GCN I, Inst. Riez, col. 376 ; enquêtes de 1250, n° 569, p. 359. 

 

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Faisait partie du diocèse d’Apt et de la viguerie de Forcalquier, aujourd’hui dans le canton de Reillanne. La petite commune, 849 hectares, est située au SO du département en limite avec celui du Vaucluse. Traversée par le Calavon, elle est formée de plateaux et de coteaux peu élevés. Le village est placé à l’extrémité d’un éperon rocheux à l’altitude de 520 mètres qui a été occupé durant la Préhistoire, puis par un oppidum protohistorique qui a livré du matériel de l’Age du fer et de l’époque romaine (CAG, n° 142, p. 329-331). On ne connaît pas le nombre d’habitants de 1315, mais en 1471, le territoire est déclaré inhabité. Par la suite, il ne dépassera pas les 230 habitants (215 en 1765, 228 en 1851). Aujourd’hui, il en compte une soixantaine. Le vocable apparaît vers 1113 lors du don de l’évêque Augier à ses chanoines de l’église de Oppeda 1. Puis, en 1274, de Apedeta (Pouillés, p. 49) et en 1277 où l’ecclesia de Opedeta fait toujours partie de la prébande du chapitre de la cathédrale d’Apt (GCN I, Apt, Inst. XIII, col. 137). En 1350, l’église est desservie par un vicarius, mais est cité également un prior sancte Andree Opedete (GCN I, Inst. Apt, XV, col. 138).

 

328. Le prieuré Saint-André

 

Tous les auteurs annoncent que le titulaire de l’église paroissiale est saint Didier et que l’église actuelle du village n’a été érigée qu’en 1834 à l’emplacement d’une petite chapelle (Féraud, p. 386, Collier, p. 380). Elle remplaçait une église dédiée à saint Didier, détruite en 1815, située dans la plaine (CAG, p. 330). Or en 1350 est cité un prieur de Saint-André qui ne correspond pas à ces données. Un quartier portant le nom de Saint-André figure sur la carte IGN 1500 mètres au sud du village. On le retrouve sur le cadastre de 1833 en section C 1, au pied de la falaise, mais sans bâtiment. C’est certainement à cet endroit qu’il faut placer ce prieuré dont on ne relève aucune trace par la suite. Il faut se souvenir qu’en 1471, le pays était inhabité et que le prieuré n’a pas dû été relevé.

 

329. La chapelle Saint-Didier

 

Il n’en subsiste que des ruines prés du cimetière de la communauté, au pied du village. En 1833, le cadastre la désigne sous l’appellation de masure de l’églize (section C 1). Dédiée à saint Didier, elle fut l’église paroissiale jusqu’en 1815 où elle fut détruite et remplacée par un sanctuaire plus commode pour les fidèles dans le village (CAG, p. 330). Féraud avance une autre date : cette chapelle servait d’église depuis le rétablissement du culte en France, l’ancienne paroisse ayant été démolie en 1803 à cause de son éloignement (p. 386). Achard précise que le saint Didier est celui qui fut évêque de Langres dont on célèbre la fête le 22 mai (II, p. 192). Plusieurs éléments de cette église furent transportés dans la nouvelle, dont les fonts basptismaux, une pierre décorée provenant probablement d’un sanctuaire antérieur au XIIe siècle et surtout une dalle d’époque carolingienne. Pour les archéologues, l’église romane Saint-Didier est un édifice qui succéda peut-être à une première église carolingienne.

 

330. Saint-Quentin

 

C’est Achard qui qualifie le quartier de Saint-Quentin de fief. Il est situé à l’ouest de la commune, séparé par l’éperon rocheux et les Gorges d’Oppedette. Il occupe à peu près un tiers de la commune actuelle. Cette entité est centrée sur les deux hameaux de Saint-Quentin que le cadastre napoléonien en section A détaille parfaitement en Hameau de St Quentin et en Haut St Quentin. Au nord de ce dernier est signalée une construction dite la Bastie. Le vocable Bâtie ou Bastide désigne au XIIIe siècle une maison forte élevée soit par un seigneur soit par l’autorité ecclésiatique. La fondation des bastides s’échelonne entre 1250 et 1320 et correspond à l’essor démographique et à l’aspiration de sécurité et de liberté qui va donner naissance à de nombreuses villes, particulièrement dans le Sud-Ouest. En Provence, cette création correspond plutôt à un ouvrage militaire et à la manifestation de l’autorité seigneuriale. Le fait que ce petit fief porte le nom de Saint-Quentin laisse supposer qu’une église paroissiale le desservait sous la titulature de ce saint évêque 2. Il est également probable qu’un premier habitat perché l’ait précédé sur la colline qui le domine, appelée le Collet, altitude 657 mètres.

 

Synthèse

La faiblesse des sources ne permet pas d’affirmer la réalité du prieuré de Saint-André et la présence d’une église dédiée à saint Quentin. Il existe cependant une probabilité qui demande à être concrétisée, constituant une piste à poursuivre. Par contre, l’église Saint-André semble bien remonter au haut Moyen Age, première paroisse en milieu ouvert qui a continué à desservir le village perché et qui finalement va disparaître seulement au début du XIXe siècle.

1 Cartulaire de l’église d’Apt, Vicomte Oscar de Poli, Paris, 1900, n° 59, p. 18-19

2 Ce dernier est problablement le saint évêque d’Apt qui vécut au début du Ve siècle.

 

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