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Faisait partie du diocèse et de la viguerie de Digne, aujourd’hui dans le canton de Digne Ouest. La commune de Thoard est située immédiatement à l’ouest de celle de Digne, arrosée par le torrent des Duyes qui la traverse du nord au sud et se jette ensuite dans la Bléone. D’une étendue de 4369 hectares, l’habitat est dispersé en de nombreux petits hameaux, fermes isolées et écarts. Cette dispersion a favorisé l’installation de trois paroisses et de chapelles succursales. En 1973 Thoard absorbait l’ancienne commune de La Pérusse. L’abbé Féraud détaille ces trois paroisses qui vont nous servir de cadres pour leur description (p. 63-64).

 

Paroisse de Thoard

Le nom est cité au XIe siècle avec Faraldus de Toardo vers 1030, Eramerius de Toard en 1035 et Bonifacius de Toar vers 1054 (CSV II, n° 714, p. 60, n° 718, p. 64 et n° 1079, p. 548). Le castrum de Toardo est mentionné lors de l’enquête de 1252 (n° 531, p. 35) et l’église paroissiale est dédiée à Notre-Dame de Bethléem avec comme patron saint Blaise. Elle date du XIIe-XIIIe siècle comme le relate R. Collier : malgré sa nef simplement plafonnée, en rectangle irrégulier, se rétrécissant vers l’ouest, cette église présente encore des portions romanes. L’abside, à chevet plat, voûtée d’un berceau brisé, avec une moulure en quart-de-rond de chaque côté, peut être attribuée au XIIIe siècle. Extérieurement, l’appareil des murs latéraux offre des pans en pierres de taille de petites dimensions, le chevet est en appareil régulier. Sans conteste, le clocher forme la partie la plus intéressante de l’édifice, on doit le rapporter au XIIIe siècle, voire au XIIe. Puissant, massif, parallélépidique, en bel appareil moyen, il comporte une salle voûtée en berceau, avec une moulure en quart-de-rond à la naissance de la voûte. Il est à se demander si ce clocher ne formait pas donjon, n’était pas partie intégrante des remparts du village (p. 147-148). L’abbé Féraud dénombre 692 âmes dans la paroisse, dont 300 dans le hameau des Bourres et soixante maisons de campagne. Aussi, les visites pastorales du XIXe siècle recensent-elles deux chapelles rurales, mais sans les nommer expressément.

 

509. Chapelle des Bourres

Les Bourres est un hameau situé au sud du chef-lieu sur la rive droite du torrent des Duyes. Une chapelle est citée lors de l’enquête sur les lieux de culte de 1899, chapelle au hameau des Bourres, très ancienne, loin du village, deux messes par an, à la Nativité et en mai (2 V 73, n° 193). Elle figure sur la carte de Cassini n° 153 mais a disparu depuis la fin du XIXe siècle car elle n’apparaît pas sur les cartes actuelles. On ne connaît pas le titulaire mais ce pourrait être Notre-Dame de Bethléem comme la paroisse, une messe y étant célébrée le jour de la Nativité.

 

510. Le prieuré clunisien Saint-Pierre d’Albera

Un Prior de Albera est nommé en 1351 (Pouillés, p 256). Atlas, sous le titre de Saint-Pierre d’Albère, en fait un prieuré de Cluny (carte n° 75), ainsi que G. Barruol qui le fait dépendre de Ganagobie (Ganagobie, p. 31). La carte de Cassini place ce prieuré au lieu-dit St Pierre en face du hameau des Bourres sur l’autre rive du torrent des Duyes. Les cartes modernes y situent deux hameaux St-Pierre le Bas et St-Pierre le Haut, mais aucun édifice.

 

511. Chapelle Sainte-Madeleine et son ermitage

A quelques 1500 mètres au NE de Thoard se dresse un massif montagneux culminant à plus de 1100 mètres d’altitude nommé Le Rocher de la Sainte Madeleine avec une chapelle dédiée à la sainte. Nous n’avons recueilli aucun indice dans les archives sur cet édifice. Seule, la carte de Cassini le signale avec un bâtiment en état qualifié d’Hermitage. Elle vient d’être restaurée.

 

Paroisse de Saint-Martin

Cette paroisse dépendait sous l’Ancien Régime du diocèse de Gap et son église paroissiale était desservie par un prior Sancti Martini de Toardo en 1351 (Pouillés, p. 88 et 93). Le prieur est un chanoine augustin de la communauté de Chardavon. Quand l’évêque de Gap la visite en 1602, au sortir des guerres de Religion, l’église est toute ruynée et démolie (ADHA G 780). Réparée, elle dessert les hameaux des Patouilles et des Féraud. Elle est isolée de toute habitation. Le presbytère, éloigné de vingt minutes de l’église est attenant à une petite chapelle destinée au service journalier du curé, relate l’abbé Féraud (p. 64). Accompagnée du cimetière, ce n’est plus qu’une simple chapelle rurale qui vient d’être réparée.

 

Paroisse de Vauvanès

L’abbé Féraud place le hameau de Vauvanès à 4 km SO de Thoard. Elle comprend trois fractions de communes, savoir ; le hameau et les campagnes de Vauvanès, dans la commune de Thoard ; toute la commune de la Pérusse et le quartier des Bourguignons dans la commune de Barras. L’église a pour titulaire et pour fête patronale la Transfiguration, 6 août (p. 64). Cette paroisse dépend aussi du diocèse de Gap et quand l’évêque vient visiter l’église le 9 juin 1602, il hésite entre église et chapelle : église ou chapelle Saint-Sauveur bastie de nouveau. L’évêque de Digne vient aussi dans la paroisse le 8 juin 1683 et rapporte : église de Vaunaves, hameau de Thoard où nous aurions esté reçu par Me Espérit Aubert du diocèse de Gap servant lad église qui est sous le titre de la Transfiguration, vulgairement Saint Sauveur, le cimetière qui est joignant n’est pas clos. Il y a un tableau représentant la Sainte Vierge et un tableau de ste Anne (1 G 5). Aujourd’hui le cimetière est clos et la chapelle a été restaurée.

 

Chapelle du château de Beaucouse

Le château est situé à 500 mètres au NO de Vaunavès et date, selon R. Collier, du XVIIe siècle, remanié au début du XIXe siècle. L’un des bâtiments renferme une chapelle qui, sur les cartes modernes, est dite ancienne chapelle.

 

LA PERUSSE

Cette ancienne commune rattachée à Thoard en 1973 n’est, selon l’abbé Féraud, qu’une chétive commune de 53 âmes disséminées dans 8 ou 10 maisons de campagne, toutes isolées les unes des autres. Il n’y a pour église qu’une petite chapelle en très mauvais état et dépourvue de tous ornements sacerdotaux. La paroisse dépend du diocèse de Gap et de la paroisse de Vaunavès et est desservie par un prior de Perucia cité en 1351 (Pouillés, p. 93). Signalée par la carte de Cassini la chapelle est encore mentionnée en 1857 et 1865 mais a aujourd’hui disparu.

 

512. Chapelle ermitage Saint-Joseph de la Pérusse, haut lieu de pèlerinage

Elle est connue dans toute la contrée, Volonne, l’Escale, Champtercier, Thoard s’y rendant tous les ans en procession. Perchée dans la montagne à plus de 1200 mètres d’altitude. C’est ce que rapporte l’abbé Féraud : il y a un pèlerinage célèbre dans toute la contrée. C’est la chapelle de Saint-Joseph, bâtie sur une montagne élevée et dans un site très pittoresque. Elle est vaste, bien ornée et meublée de vases sacrés, ornements etc. Elle dépend aussi de la paroisse de Vaunavès. Cette chapelle attire chaque année beaucoup d’étrangers qui se réunissent aux processions des diverses paroisses des environs. Les nombreux ex voto qu’on y trouve attestent qu’il s’y est souvent opéré des miracles (p. 60). On remonte sa constrution au début du XVIIe siècle ; elle est signalée par un évêque en 1687 (PR, n° 23, p. 83-85). La titulature à saint Joseph ne peut en effet être antérieur à cette période où son culte va se diffuser largement. Une habitation servant d’ermitage est accolé à la chapelle. De nombreux ex-voto ornent encore les murs, témoins des miracles accomplis suite aux pèlerinages et au recours à saint Joseph.

 

Synthèse

Le prieuré clunisien Saint-Pierre d’Albera échoit à Ganagobie courant XIe siècle. Déjà existant lors de la donation, il est la plus ancienne fondation du territoire et peut remonter à l’époque carolingienne. Vient ensuite le castrum de Thoard, village groupé avec son église paroissiale, fin XIIe-début XIIIe siècle. Sont nommées par la suite deux paroisses au XIVe siècle, Saint-Martin et la Pérusse. Mais elles peuvent être antérieures, Saint-Martin étant un titulaire très prisé durant le haut Moyen Age, la Pérusse avec un autre protecteur que saint Joseph. Deux édifices ont servi d’ermitages et de lieux de pèlerinage, celui de Saint-Joseph étant particulièrement renommé, celui de Sainte-Madeleine n’ayant laissé que peu de souvenirs. Ils datent du XVIIe-XVIIIe siècle. Les autres chapelles, des Bourres et de Vaunavès, sont des succursales correspondant à l’accroissement de la population à la même période.

 

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Commentaires   

0 #1 SENES 04-03-2016 07:37
Concernant St Martin : Subsiste la chapelle jouxtant le cimetière. Mais il semble qu'antérieurement il ait pu y avoir une église dont il est précisé qu'elle serait distante de 10 minutes à ,pied du presbytère. Cherche confirmation...
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