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communes

Faisait partie du diocèse de Senez et de la viguerie du Val de Barrême, aujourd’hui dans le canton de Barrême. C’est une grande commune de 4488 hectares située dans un milieu montagneux au nord de celle de Clumanc et à l’est de celle de Digne. Les principaux hameaux sont situés entre 1000 et 1100 mètres d’altitude. Malgré l’étendue du territoire la population n’a jamais atteint les 500 habitants, 473 en 1765. Jusqu’à la fin du XVe siècle, il était formé de deux communautés ou castra signalés au début du XIIIe siècle : castrum de Tartona et castrum de la Penna (Bouche I, p. 279). Chacun possède son église paroissiale, Notre-Dame à Tartonne, Saint-Gervais à la Penne qui sont citées vers 1300 (Pouillés, p. 289). Celle de Tartonne semble être desservie par un prieur, l’un d’eux est cité en 1244 comme témoin lors d’un compromis entre Boniface de Castellane et Bernard prieur de Villecrose (CSV II, n° 1031, p. 490).

 

LA PENNE

501. L’ancienne chapelle

C’est en 1706 lors de la visite de l’évêque de Senez que nous apprenons que le prieuré de la Penne, sous le titre de Saint Gervais, à l’extrémité de la paroisse et du diocèse, est ancien, purement rural et simple et de notre collation. Puis, il ajoute, l’ancienne chapelle est tout à fait démolie et dans un éloignement très grand à la pointe de la plus haute montagne (2 G 17). C’est la seule indication fournie pour cette chapelle. Celle de la Penne est démolie depuis longtemps.

 

TARTONNE

502. Notre-Dame d’Entraigues

C’est l’église paroissiale et elle a la particularité d’être isolée, en plein champ, entre deux ruisseaux, inter aquas. Le cimetière est tout autour comme le fait remarquer Mgr Soanen en 1706. Elle est sous le titre de Notre-Dame et le patron est saint Michel dont la fête patronale se célèbre avec bravade, le 29 septembre selon l’abbé Féraud (p. 102). Classée MH en 1972, elle remonte à l’origine au XIIIe siècle puis a subi des ajouts, chapelles latérales en particulier (Alpes Romanes, p. 64 ; R. Collier, p. 114).

 

503. Chapelle Sainte-Anne du Thouron

C’est encore Mgr Soanen qui nous renseigne en 1706 : la chapelle ste Anne au hameau apellé Toron, bâtie depuis plus de 60 ans, selon les habitants. Lors des visites de la fin du XIXe siècle, elle est déclarée chapelle rurale en bon état et munie d’ornements (1865). En 1894, elle est déclarée passable (2 V 85 et 94). Une description en est donnée dans la Base Mérimée pour l’Inventaire général du patrimoine culturel.

 

504. Chapelle Saint-Jean au Plan de Chaude

Le Plan de Chaude est le plus important hameau de la commune et constitue le centre administratif. Il abrite une chapelle dédiée à saint Jean que l’évêque visite en 1697 : nous avons visité la chapelle St Jean qui est à cinq ou six cens pas de l’église paroissiale en allant au hameau du Plan de Chaudoul, que nous avons trouvé entièrement réparée et fermée à clef. Au XIXe siècle la chapelle est qualifiée de rurale et en 1857, il y a une chapelle rurale au Plan de Chaude qui sert pour l’usage ordinaire dans la semaine. Jusqu’à la fin du siècle, elle est décrite comme convenable (2 V 85, 93 et 94).

 

505. Chapelle Saint-Sébastien à la Condamine

La Condamine est un quartier situé en limite communale au SO de la commune près des Sauzeries Hautes. C’est encore Mgr Soanen qui nous apprend en 1706 qu’il y avait autrefois une chapelle sous le titre de st Sébastien qui étoit au pied de la Condamine sur les ruines de laquelle le peuple alloit faire des prières publiques les grands jours de festes. Messire Marc Antoine Gassendy fit faire un petit oratoire à l’honneur du saint auprès de lad chapelle.

 

506. Chapelle du château

Il s’agit du château de Maladrech situé non loin de l’église Notre-Dame. Construit au XVIIe siècle, il surgit joliment au milieu des prés, avec sa masse pesante, sans tour, mais agrémentée de deux pigeonniers en forme de tour ronde, à moulure circulaire (Collier, p. 262). Une chapelle au château est signalée en 1857, qui est propre dans laquelle on ne célèbre plus depuis plusieurs années. Mais en 1870 la chapelle domestique en mauvais état attenant au château. Puis, en 1891, autrefois il y avait une chapelle domestique au château de Maledrech qui n’est plus qu’une ruine.

 

Synthèse

Il ne subsiste que trois édifices aujourd’hui, l’église Notre-Dame et les chapelles Saint-Jean et Sainte-Anne, les autres ont disparu définitivement. Ces trois lieux de culte sont très proches les uns des autres, mais il est probable que ceux du Thouron et du Plan de Chaude ont été édifiés à cause de l’éloignement de l’église paroissiale, celle-ci étant de plus isolée, sans habitat à proximité. Elle représente l’exemple typique des premières paroisses à vocation de rassemblement d’un habitat dispersé. Quant au castrum, il est difficile de l’imaginer dans un de ces hameaux. Il faudrait peut-être le chercher aux alentours du Chastelard.

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Faisait partie du diocèse de Gap et de la viguerie de Sisteron, aujourd’hui dans le canton de Volonne. La commune est située sur la rive gauche de la Durance qu’elle ne côtoie d’ailleurs pas, entre les communes de Salignac et de Volonne. Elle est traversée par le Vançon auprès duquel se trouvent les habitats principaux. En 1909, Sourribes se voit adjoindre la commune de Beaudument située au NO. Elle totalise alors 1976 hectares. Au début du XIVe siècle, les deux communautés accueillent 60 foyers, mais en 1471, Beaudument est déclaré inhabité et il ne reste plus que 13 familles en tout. Après un maximum de 300 habitants en 1765 et 1851, il n’en restera que 60 en 1962 (Atlas, p. 201).

 

SOURRIBES

Sourribes apparaît dès 739 avec une colonica établie à subtus Ripas et que le patrice Abbon donne de son héritage à l’abbaye de Novalaise (CSHG, p. 40). C’est ensuite vers 1160 qu’est fondée une abbaye de Bénédictines sous le vocable de Saint-Pierre qui sera annexée à l’abbaye Sainte-Claire de Sisteron en 1464. L’église paroissiale est l’ancienne église de l’abbaye dont la fondation peut remonter au tout début du XIIe siècle 1.

 

498. Chapelle de Saint-Roman

C’est la seule chapelle rurale signalée lors des visites de la fin du XIXe siècle. Entre 1858 et 1871, elle est à la fois interdite ou à réparer, mais bien identifiée, chapelle rurale de Saint-Roman (2 V 92). Elle n’est pas signalée lors des visites des évêques de Gap au XVIIe siècle. Elle apparaît cependant sur la carte de Cassini et sur le cadastre napoléonien (non daté). Le hameau de Saint-Romain est situé sur la rive gauche du Vançon, juste en face de Sourribes qui occupe la rive droite. Ils sont d’égale importance et le cadastre napoléonien ne signale aucun pont ni passerelle les reliant entre eux. Il est probable que saint Roman ou Romain soit le titulaire de la chapelle et qu’il a donné son nom au hameau.

 

BEAUDIMENT

L’ancienne commune s’étend du nord de Sourribes en remontant le Vançon qui s’infiltre alors à travers des gorges profondes. Elle était beaucoup plus étendue, 1528 hectares contre 446, mais dans un terrain beaucoup plus accidenté. Le castrum est cité très tôt, vers 1040, quand est fait don aux moines de Saint-Victor installés à Saint-Geniez de Dromon, une cabannaria in castro Baldimento ((CSV II, n° 728, p. 70). Le château etait situé sur un mamelon dominant la rive gauche du Vançon et il n’en reste que des ruines. Le village, aujourd’hui également ruiné, était situé plus à l’est près du Vallon de la Grande Combe. Une église paroissiale est desservie par un prior de Baudimento en 1350 (Pouillés, p. 88 et 93). Elle est sous le titre de saint Jean-Baptiste et quand l’évêque vient la visiter en 1617, elle est rompue et il n’y pas de curé. Quand un évêque revient en 1687, le village est en partie abandonné et est dit Ville Vieille où restent encore de vieilles masures qu’on dit être l’ancienne église de Saint-Jean l’évangéliste (ADHA G 780 et 786).

 

499. Chapelle Saint-André

En face de Beaudiment existait un hameau appelé la Vigoureuse qui va remplacer au cours du XVIIe siècle le village de Beaudiment. Lors de la même visite de 1687, l’évêque remarque une chapelle Saint-André construite par un particulier au quartier de la Vigoureuse. La chapelle va devenir l’église paroissiale de la commune comme le remarque l’abbé Féraud, l’église paroissiale est sous le titre de saint André apôtre (p. 485). Elle va subir le même sort que la première, la ruine.

 

500. Chapelle Saint-Jean

Seule la carte de Cassini n° 153 signale près du château de Beaudument, un bâtiment avec une croix nommé St Jean, les deux étant situés sur la rive gauche du Vançon. Il pourrait s’agir de la chapelle castrale qui aurait pu servir de paroisse au hameau déserté dit Vière situé un peu plus au nord. Suite à la dépopulation survenue au cours du XVe siècle, les habitants auraient par la suite créé un nouveau village à Beaudiment avec une église reprenant la première titulature. On a vu plus haut ce qu’il est advenu de ce village.

 

Synthèse

Le village de Sourribes semble bien avoir été créé lors de la fondation de l’abbaye bénédictine au XIIe siècle. Le hameau de Saint-Romain, par contre, pourrait être de fondation antérieure. Son territoire est particulièrement bien exposé et fertile avec le Plan de St-Romain, à l’altitude moyenne de 500 mètres. Il n’est qu’à examiner la section B du cadastre napoléonien pour s’en convaincre, les innombrables parcelles sont toutes des terres labours. Ce Plan a dû attirer très tôt les colonisateurs.

Beaudiment, dans un contexte de terrain plus difficile, a connu des habitats successifs. D’abord à Vière et le château, puis le village lui-même de Beaudiment remplacé par le hameau de la Vigoureuse. A chaque fois, c’est la ruine et l’abandon, puis rénovation et enfin la ruine complète.

 


1 Laplane, II p. 378 et 381. Féraud, p. 483. Souvenirs Religieux, p. 75-77. Abbayes et Prieurés, p. 50. Collier, p. 63. Provence Romane 2, p. 88. Alpes Romanes, p. 63-64.

 

 

 

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Faisait partie du diocèse de Senez et de la viguerie de Castellane, aujourd’hui dans le canton de Castellane. La commune de 3453 hectares est située aux confins du département limitrophe avec la commune de Saint-Auban dans les Alpes-Maritimes. Dans le même contexte de terrain, elles communiquent entre elles par la vallée de l’Esteron. Cette rivière prend sa source dans la commune de Soleilhas et la traverse d’ouest en est. C’est dans cette vallée qu’est installé actuellement le village à l’altitude de 1100 mètres. Au nord et au sud, s’élèvent des montagnes culminant de 1400 à 1600 mètres d’altitude. C’est au début du XIIIe siècle que sont cités deux castra, castrum de Soleillas et castrum Verrayoni (Bouche I, p. 276). Ils apparaisent encore en 1278 castrum Soleillars et de Veraion (Enquêtes n° 825 et 827, p. 424 et 425). Ils possèdent chacun une église paroissiale dont la collation appartient à l’évêque de Senez. On les retrouve vers 1300 et en 1376, ecclesia de Solelhacio, ecclesia de Verrayono (Pouillés, p. 290, 292 et 293).

 

493. Saint-Jean, castrum et église

Le lieu-dit Saint-Jean domine la vallée au NO du village à l’altitude de 1350 mètres et paraît avoir abrité le castrum cité au XIIIe siècle avec ses remparts, barriorum, qui sont à réparer ou à construire de neuf selon l’enquête de 1278. Il en subsiste quelques murs ainsi qu’une plate-forme aménagée, ceinte par un fossé à l’ouest. On reconnaît quelques fragments de maisons adossées à la pente et creusées partiellement dans le rocher 1. L’appellation Saint-Jean fait découvrir le titulaire de l’église castrale. C’est celle qui est citée au XIIIe siècle et dont la collation appartient à l’évêque de Senez.

 

494. Notre-Dame-du-Plan

En contrebas, au pied du castrum de Saint-Jean, s’élève une chapelle dédiée à Notre-Dame dite du Plan, car située dans la plaine à l’ouest du village. Elle est accompagnée du cimetière de la communauté. Lors des visites pastorales à partir de 1697, elle est qualifiée d’ancienne paroisse sous le titre de notre dame du plan, puis en 1708 qu’elle subsiste encore dans son entier à 1500 pas du village vers le couchant, qu’elle a été délaissée avant notre épiscopat mais qu’elle est fermée soigneusement et qu’on y dit la messe de temps en temps. Enfin, en 1722, elle est à 800 pas du village sous le titre de Notre Dame du Plan, en bon état et fermée 2. Si cette chapelle est l’ancienne paroisse, elle a succédé à l’église du castrum lors de déperchement, mais son architecture, en partie romane, suggère également qu’elle fonctionnait en même temps que celle du castrum. Il se pourrait alors qu’elle soit, non pas seulement l’ancienne paroisse, mais la première paroisse antérieure à celle de Saint-Jean. La titulature, l’implantation en milieu ouvert, conforte cette hypothèse.

Cette église a été abandonnée comme paroisse quand fut construit une nouvelle église dans le village même. Lors de la visite de 1704, il est dit que l’église paroissiale sous le titre de Notre Dame du Plan a été bâtie depuis quelques années, elle est mal orientée. Elle reprend la titulature de la première et présente une architecture typique du XVIIe siècle. La remarque de l’évêque sur l’orientation de l’église est à relever.

 

495. Verraillon et la chapelle Saint-Pierre

L’ancien castrum Verrayoni cité au début du XIIIe siècle est encore mentionné lors de l’enquête de 1278. Il est probable que le nom de Verraillon soit cité encore antérieurement, au cours du XIe siècle, lors d’une donation faite aux églises Sainte-Marie et Saint-Martin de Puget-Théniers dépendant de l’abbaye de Lérins, entre autres don d’un manse in Verraione (CL n° CLXXXVI, p. 187). La communauté comptait 15 feux ou foyers en 1315, mais à la fin du XVe siècle, elle était réunie à celle de Soleilhas, ayant été dépeuplée par la peste et les guerres. En 1471, l’ensemble ne comptait plus que 8 foyers. On ignore si le castrum perché à 1286 mètres abritait une église paroissiale car au pied se trouve, près du hameau des Colettes une chapelle dédiée à saint Pierre (altitude 1000 mètres). Durant l’Ancien Régime, c’est une succursale de la paroisse de Soleihas (Achard II, p. 358).

 

Cette chapelle a fait l’objet de plusieurs descriptions, dont celle de R. Collier : voûtée en berceau légèrement déprimé, elle offre deux longues travées séparées par un doubleau de section rectangulaire, retombant sur des pilastres de même ; à la naissance de la voûte, cordon formé d’un quart-de-rond et se continuant, en imposte, sur des pilastres. L’abside en cul-de-four, plus basse que la nef, forme un ressaut et présente également une moulure en quart-de-rond. Dans le mur nord est encastrée une sculpture représentant saint Pierre avec l’inscription : Fidelis usque ad aras 1522. Cette chapelle (fin XIIe, début XIIIe siècle) a fait l’objet d’une restauration ces dernières années 3.

 

496. Chapelle Saint-Barnabé

Elle se trouve au nord de la commune à 1382 mètres d’altitude et à 400 mètres au nord du passage de la voie romaine dite Vintiana. Celle-ci, en provenance de Briançonnet, passait à la Sagne, au Col de Saint-Barnabé (1366 m) et se dirigeait ensuite vers Demandolx. La première mention de cette chapelle date de la visite de Mgr Soanen en 1697. Il la trouve toute ouverte et profanée par les bestiaux. A moitié chemin entre Soleihas et Demandols en mauvais état, le toit enfoncé par les neiges, un tableau de st Barnabé, st Jean Baptiste et st Antoine. En 1708 il reconnaît qu’elle a été réparée et est en bon état. On n’a pas dansé cette année devant et après la procession, mais on l’a fait après vêpres. Si le fait se reproduit, la chapelle sera interdite. En 1722 elle est encore en bon état. Il semble ensuite qu’elle soit régulièrement entretenue puisqu’en 1870 elle est dans un état passable quant aux murs et au toit mais l’autel laisse à désirer (2 V 87).

R. Collier en donne une brève description : cette chapelle, dont le pèlerinage était encore très vivace il y a peu d’années, a une petite nef rectangulaire, une abside en cul-de-four ; l’appareil de cette dernière, ainsi qu’une partie des murs latéraux, indique une origine romane, XIIIe siècle peut-être (p. 147). Mais l’intérêt réside dans la pierre d’autel, imposant bloc monolithe de près d’une demi-tonne qui devait faire partie d’un monument funéraire proche de la chapelle ou à son emplacement. Sur cette dalle figure une inscription en lettres latines que les archéologues datent de la période julio-claudienne, aux environs du début de notre ère 4. Barnabé est le saint patron de la paroisse et les paroissiens s’y rendent en procession tous les 11 juin, jour de la fête du saint, et une messe est célébrée.

 

497. Vauplane et son église disparue

C’est actuellement un quartier situé au nord de la commune à 1600 mètres d’altitude, autrefois zone d’alpage, Montagne pastorale de Vauplane selon le cadastre de 1834, aujourd’hui station de sport d’hiver. Sous l’Ancien Régime, Vauplane est une succursale de la paroisse de Soleilhas (Achard II, p. 358). Au mois d’août de chaque année, une messe des bergers y est célébrée. Elle a lieu les 2, 3 ou 10 août, cette dernière date semblant être celle d’origine, jour de la fête de saint Laurent qui pourrait être alors le titulaire de l’église disparue. Celle-ci figure encore sur la carte de Cassini n° 153 à Valplane à l’ouest de la cabane de Valplane. Une croix aujourd’hui signale son emplacement.

 

Synthèse

Deux édifices posent problème, Notre-Dame du Plan et Saint-Barnabé. La première pourrait relever des églises pré castrales, la deuxième pourrait faire suite à un fanum sur la voie romaine.

 


1 Base Mérimée sur Internet où figurent 38 notices concernant la commune de Soleilhas, dossier Inventaire général du patrimoine culturel, Région PACA.

2 Visites pastorales 2 G 17 et 18.

3 R. Collier, p. 115. Alpes Romanes, p. 63. Bailly, p. 46.

4 BRENTCHALOFF Daniel et GASCOU Jacques, « Deux inscriptions latines découvertes à Soleilhas (A-H-P), Mém. IPAAM, t. XXXVIII, 1996, p. 49-57. Egalement CA, p. 476-477.

 

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Cité romaine sur le passage de la voie domitienne, puis siège d’un évêché jusqu’à la Révolution, Sisteron a révélé de nombreux témoins antiques (CAG, p. 458-475). Christianisés très tôt, dès la fin du IVe siècle, avec le premier évêque connu en 449, le territoire et la ville se sont couverts de lieux de culte. Si ceux de la cité sont assez bien connus, ceux de la campagne n’apparaissent que par un seul texte. Il s’agit d’une bulle du pape Honorius III de 1217 dénombrant les églises dépendantes de la cathédrale de Sisteron. Il y a Saint-Thyrse et Saint-Martin, dans la ville, et hors de la ville, Saint-Pierre, Saint-Domnin, Sainte-Marie-de-Parasols, de Bevons, de Pancier, de Saint-Vincent et de Curel 1. On découvre donc trois églises hors la ville, Saint-Pierre, Saint-Domnin et Sainte-Marie-de-Parasols. Seule une d’entre elle est encore en état, les autres étant perdues depuis longtemps.

 

490. Saint-Pierre

Le seul indice pour retrouver cette église est fourni par le nom d’un quartier portant le nom de St-Pierre. Il est cité par Cassini, le cadastre de 1814 et les cartes modernes, mais sans aucun édifice quelconque. Le quartier est situé sur la rive gauche de la Durance, au sud de la Baume, à 700 mètres d’altitude. Il est proche de la limite communale d’Entrepierres.

 

491. Saint-Domnin

C’est le seul édifice subsistant et objet d’un pèlerinage annuel. Il est sous la titulature de saint Domnin, mais parfois également de saint Denis (Cassini). Il est situé au sud de la ville sur le plateau du Thor à 540 m d’altitude. Voici comment le voit R. Collier : cette chapelle comporte une triple structure. D’une part, en entrant, une sorte de nef rectangulaire, voûtée d’un berceau surbaissé rejoignant progressivement l’amplomb du mur. Puis, en avant, un chœur nettement plus élevé que la nef, formant une travée de plan presque carré, dont la voûte d’arêtes retombe sur des pilastres, ou piliers engagés, d’angles. Enfin, la partie romane, c’est-à-dire une travée ouvrant latéralement dans le chœur, à gauche, par une arcade basse, en plein cintre, à deux rouleaux ; cette travée, divisée par une cloison percée d’une porte, est voûtée d’un berceau en plein cintre, à la naissance duquel il devait y avoir autrefois une moulure en quart-de-rond, dont il ne subsiste plus qu’une partie. On a ici une construction du XIIIe siècle, mais le mur opposé à l’arcade se creuse d’un arc de décharge à double rouleau et à impostes en quart-de-rond ; sans doute ce mur est-il la survivance d’une construction du XIe siècle, ou du début du XIIe (p. 146).

Les alentours de la chapelle ont révélé de nombreux indices d’occupation antique, dont des tombes sous tuiles, des fragments de tegulae, des céramiques diverses, de verre antique, de monnaies, etc. (CAG, p. 470-472). Le site paraît avoir été occupé sans discontinuité depuis l’Antiquité. La citation de 1217 n’est que la mention d’un édifice existant et une partie de sa structure révèle le XIe siècle. Il est probable que cette église faisait partie de la mense épiscopale durant le premier millénaire, donnée ensuite au chapitre de la cathédrale, mais on ne sait quand.

 

492. Sainte-Marie de Paresous

Les qualificatifs divergent pour cet édifice qui était situé tout au sud de la commune, sur la rive gauche du Jabron. En 1217, c’est Sancte Marie de Parazolo que Laplane transcrit par Parasols. L’Atlas historique, carte n° 66, cite parmi les églises dépendantes des deux chapitres de Sisteron et de Forcalquier au XIIe siècle, Notre-Dame de Paresous. Cassini indique un édifice à Parassol et aujourd’hui c’est Parésous qui est indiqué par les cartes IGN, mais sans bâtiment. Une prospection aérienne sur le site a permis de déceler une occupation gallo-romaine.

 

Synthèse

Les deux derniers sites, Saint-Domnin et Sainte-Marie, même si les textes d’archives sont absents, semblent bien relever de la période pré-castrale, mais sans pouvoir donner plus de précisions.

 


1 Cité Par Laplane, II, p. 360-361 avec le texte latin : Sancti Tirsi, juxta majorem ecclesiam, Sancti Martini, Sancti Petri, Sancti Dompnini, Sancte Marie de Parazolo, de Bezone, de Pansier, Sancti Vincentii et de Curel.

 

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Faisait partie du diocèse et de la viguerie d’Apt, aujourd’hui dans le canton de Banon. C’est une vaste commune de 6786 hectares qui confine avec le département du Vaucluse et fait partie du plateau d’Albion. Depuis 1974, elle a englobé les anciennes communes de Carniol et de Valsaintes situées à l’est qui bien que faisant aussi partie du diocèse d’Apt dépendaient de la viguerie de Forcalquier. Le territoire a livré de nombreux sites antiques, particulièrement voués au traitement des gisements de fer (CAG n° 208, p. 453-458).

 

SIMIANE

Elle couvrait 5600 hectares répartis en une plaine fertile et des coteaux boisés. On ne connaît pas le nombre d’habitants à la fin du Moyen Age, mais il est probable que sa situation était semblable aux communautés de Carniol et de Valsaintes déclarées inhabitées en 1471. Le castrum Simiana apparaît en 1031-1032 lors d’une donation faite à Saint-Victor passée dans le castrum (CSV I, n° 425, p. 429). Puis, vers 1065, Rambaud Capitaneus donne à l’église d’Apt divers droits féodaux au terroir de Simiane (Poli, p. 13). Le castrum est encore cité au début du XIIIe siècle (Bouche I, p. 225) et l’église paroissiale est desservie par un prieur qui dépend de l’abbbaye Saint-André-de-Villeneuve (GCN I, Instr. col. 138). Elle est dédiée à saint Pierre et date dans son premier œuvre du XVIIe siècle, la patronne est sainte Victoire (Collier, p. 185-186).

 

484. Le prieuré Saint-Pierre

Il était situé au pied de la colline où se perche le village et fut le premier établissement où s’installèrent les moines de Saint-André avant que l’église paroissiale ne soit construite dans le village au début du XVIIe siècle. A cet endroit la CAG signale la découverte de sarcophages, de tombes sous lauzes et d’ossements humains (p. 455, 12*). Il est probable que le prieuré fut abandonné à la suite des guerres et de la peste du XVe siècle. Les moines de l’abbaye en s’y installant au XIe siècle reprenaient un site plus ancien, christianisé depuis l’origine.

 

485. Chapelle Notre-Dame de Pitié

Elle est citée comme chapelle rurale mentionnée le 13 juin 1859, étant hors des murs, au quartier des Moulins (2 V 86). Lors de l’inventaire de 1906, le curé du lieu élève une protestation au nom de la Fabrique où il relate que la chapelle N.D. de Pitié a été construite et dotée par la famille Pélissier des Granges qui y avait établi le lieu de sa sépulture suivant acte de l’Etat civil en date du 4 août 1790 (1 V 67). L’inventaire recopie les données fournies par le curé : la chapelle ND de Pitié a été construite, paraît-il, par la famille Pélissier des Granges. 100 m². Mais la chapelle est plus ancienne, le PR fait état d’un texte de l’abbé Corriol où il fournit un acte notarié en date de 1573 et il estime qu’elle date du XVIe siècle, la date gravée de 1635 sur le tympan de la porte signalant des réparations 1.

 

486. Chapelle Saint-Joseph de Cheyran

Les Cheyran, Haut et Bas sont deux hameaux situés au nord de Simiane. C’est dans celui du Haut Cheyran que s’élève encore une chapelle dédiée à saint Joseph. C’est la deuxième chapelle rurale signalée en 1859 en même temps que Notre-Dame. R. Collier la date de 1779 (p. 232), sans doute à cause d’une date gravée indiquant seulement une restauration. Le curé de la paroise, lors de l’inventaire de 1906, demande au percepteur de noter que la chapelle de St Joseph, sise au hameau de Cheyran, fut élevée au cours du 16e siècle, avec la coopération des habitants du dit hameau, sur un terrain appartenant à la famille Pelissier de Sylvabelle. Quant à la cloche, elle fut achetée par les Cheyranais en 1856. L’inventaire reprend les mêmes données : la chapelle de St-Joseph à Cheyran, fut construite, dit-on, au 16e siècle avec la coopération des habitants des hameaux de Cheyran. 55 m². La chapelle renferme une toile représentant une Adoration des Mages de style archaïque que R. Collier date du XVIIe siècle (p. 477).

La famille Pélissier a donné un évêque à Apt. Prénommé Jean, il était né à Simiane, puis devint religieux de l’ordre de Saint-Benoît, fut ensuite prieur de Simiane et enfin nommé à quarante ans évêque d’Apt (1607-1628). Le 18 juin 1617, il consacre la nouvelle église de Simiane dont il avait conservé la commende du temps où il était prieur (GCN I, col. 285-286).

 

487. Chapelle Sainte-Victoire

A plus de 3 kilomètres au SO du village, à 1000 mètres d’altitude, la carte IGN signale une chapelle en ruine dédiée à sainte Victoire. Elle domine la D 30 entre les lieux-dits de Curnier au nord et de la Combe du Pommier au sud. On sait que cette sainte est la patronne du village d’après l’abbé Féraud (p. 395), et lors de la visite pastorale de 1859, la paroisse est sous le titre de sainte Victoire. Cette chapelle a été bâtie en 1920 sur l’emplacement d’un ancien édifice, mais n’a pas été terminée, il y manque la toiture. La nef est prolongée par une abside non couverte en hémicycle. Dans le mur sud se trouve la grotte de Sainte-Victoire où la légende rapporte qu’elle s’y était réfugiée pour prier (Elliot 2, p. 147). Elle n’est pas signalée par Cassini ni par le cadastre napoléonien. Cette grotte a pu servir d’ermitage à un moment donné 2.

 

CARNIOL ET VALSAINTES

Les deux anciennes communes sont intimement liées suite à la fondation de l’abbaye cistercienne de Valsaintes. Elles sont situées à l’est de celle de Simiane couvrant respectivement 550 et 628 hectares. C’est en 1188 que Bertrand Rambaud, seigneur de Simiane, donne à Sainte-Marie de Valsaintes, S. Mariae Vallis Sancta, toute la terre de Boulinette, Bolenete, qu’il possède au-delà du Calavon, ultra Causilum. Il en fait don à l’abbaye de Silvacane représentée par le père abbé Norbert, le cellérier Augier et le prieur Alberic (Bouche, I, p. 169). Le texte de 1188 fait seulement état du don de la terre de Boulinette et n’est pas la date de création de l’abbaye comme on peut le lire parfois. C’est ce que fait observer Achard en citant l’abbé Boze, auteur de l’Histoire d’Apt : « les auteurs qui ont parlé de l’Abbaye de N-D de Valsainte, en mettent la fondation sous l’année 1188 ; mais les titres mêmes sur lesquels ils se fondent, prouvent que cet établissement est d’une date plus ancienne, et que Valsainte étoit connue et habitée par des Moines avant le XIIe siècle. Les Sarrazins ayant détruit ce Monastère, Rambaud de Siminiane se proposa de le rétablir en 1188, et donna (avec le consentement de l’Empereur et sans mention ni recours au comte de Forcalquier) la terre de Bolinette, avec les hommes et les bestiaux attachés à ce domaine, aux religieux de Silvacane » 3.

 

488. Saint-Marc à Labadie, premier monastère de Valsaintes

Le premier monastère était établi au lieu-dit Labadie avec une église sous le titre de saint Marc. Il n’en subsiste que quelques pans de murs, comme le décrit R. Collier : ce sont de faibles restes… Les bâtiments conventuels ont apparemment disparu, cependant l’on aperçoit des pans d’appareil régulier dans les soubassements des maisons composant le hameau. Seule subsiste l’église – on pourrait dire chapelle, en raison de ses dimensions – transformée en cellier et en appartement rustique. La voûte de la nef a disparu, mais les murs latéraux existent encore. Le chœur est assez intrégralement conservé, il forme une travée droite, voûtée en berceau brisé, éclairé d’un triplet de fenêtres hautes et étroites. Les murs sont épais (1,25 m), l’appareil fort beau dans le chœur, moyen, à joints très fins ; celui des murs de la nef a été largement repris. Nous sommes ici à la fin du XIIe siècle, ou au début du XIIIe (p. 148).

Le monastère va connaître un peu plus deux siècles de vie sereine. La désolation va apparaître au milieu du XIVe siècle avec la peste, puis les bandes armées qui vont réduire encore ceux qui restent. En 1425, les moines survivants quittent leur monastère dévasté et vont se réfugier à Silvacane. En 1471, le territoire de Valsaintes est déclaré inhabité comme celui de Carniols.

 

489. Boulinette, deuxième monastère des cisterciens de Valsaintes

Réfugiés à Silvacane, les moines de Valsaintes connurent encore des tribulations. En 1540, une crue de la Durance détruisait l’abbaye. Ils reviennent alors dans leur ancien domaine puis s’installent à Boulinette en 1657, domaine toujours en leur possession et où les premiers abbés avaient élevés un château qu’ils restaurent. R. Collier y reconnaît deux parties. La première, bien conservée, forme un corps de logis rectangulaire, haut, long, massif, à deux etages, dominant vigoureusement les alentours et d’allure féodale ; sa partie inférieure est occupée par l’église. Cette aile doit remonter au XVIIe siècle (vers 1668-1670). L’autre aile, assez en ruine, dénote le XVIIIe siècle (p. 265). Depuis 1986, année où paraissait l’ouvrage de R. Collier, l’abbaye a été restaurée à partir de 1996. L’église a retrouvé sa splendeur avec son magnifique portail roman en réemploi classé MH en 1979 que R. Collier date du XIe ou XIIe siècle (p. 461). Un parc floral de roses occupe maintenant les anciens jardins du monastère.

 

Synthèse

Avec l’exploitation des gisements de fer à partir de l’Antiquité jusqu’à la fin du Moyen Age, plusieurs implantations religieuses dans le territoire indiquent sa richesse et son intérêt. On ne connaît pas précisément le moment des fondations, mais il semble que lorsque les moines de Saint-André, puis les cisterciens viennent s’installer, ils n’arrivent pas dans un désert. Le premier prieuré Saint-Pierre, au pied du castrum, relève des premières paroisses et a pu succéder à un établissement carolingien. On en retrouve un près de Carniol où un quartier porte le nom de Pré de la Cour. La butte du Haut Carniol a abrité un habitat protohistorique, puis gallo-romain qui ensuite s’est déplacé en contrebas avec une villa ou curtis carolingienne.

 


1 PR n° 23, 2000, p. 51.

2 D’après le PR, n° 23, 2000, p. 51, l’ermitage remonterait au XVe siècle avec une sainte ermite du nom de Victoire dont le corps, à sa mort, fut transporté à Simiane.

3 Achard III, Additions et corrections, p. 169. L’Histoire d’Apt de l’abbé Boze, parue en 1813.

 

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