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Faisait partie du diocèse de Riez et de la viguerie de Moustiers, aujourd’hui dans le canton de Riez. Ces deux anciennes communes, unies en 1974, sont situées au sud de la commune de Riez, occupant au nord la fin du plateau de Valensole et au sud une partie des gorges du Verdon. Les deux communautés en partie dépeuplées à la fin du XVe siècle (65 habitants chacune) ont connu par la suite un sort différent. Si elles comptaient un nombre égal d’habitants en 1765 (151), en 1851 Montagnac en dénombrait 656 alors que Montpezat était tombé à 145. Puis en 1961, respectivement 178 et 14, ce qui a entraîné le rattachement (Atlas, p. 185-186).

MONTAGNAC

La première mention de Montagnac est donnée vers 1020, Monteniacus avec le cartulaire de Saint-Victor et au XIe siècle lors de la donation d’une vigne à Saint-Michel de Cousson, vigne située in castro Monteniago (CSV I, n° 614, p. 609 et II, n° 755, p. 100). Au XIIe siècle, en 1113, l’évêque de Riez Augier fait don à l’abbaye de Lérins de l’église sanctam Mariam de Montanac ; durant ce même siècle, plusieurs personnes font des dons de terres à l’église Sainte-Marie qui est in castro que nominant Montaynac (CL, CCXIV, p. 218 et CCXXI, p. 225). L’abbaye ne restera pas longtemps à Montagnac. En effet, l’église n’est pas citée en 1259 lors de la confirmation par le pape Alexandre IV des biens de l’abbaye (CL 2, n° IV, p. 6). C’est ce que confirme l’enquête de 1252 où dans le castrum de Montaiac, l’évêque perçoit l’albergue et est seigneur du lieu (Enquêtes, n° 561, p. 358). Bartel reproduit cette situation, Montagnac, oppidum dont l’église et la seigneurie appartient à la mense de l’évêque (p. 58). L’abbé Féraud reprend les mêmes données, le prieuré Sainte-Marie de Montagnac fondé en 1113 par l’évêque Augier, mais la paroisse reconnaissait déjà au XIIIe siècle l’évêque de Riez comme son seigneur temporel et spirituel (Souvenirs Religieux, p. 45). De même Abbayes et Prieurés, à Montagnac, prieuré Notre-Dame, donné à Lérins par l’évêque Augier (1113), puis uni à l’évêché de Riez (p. 63).

277. Les prieurés Sainte-Marie de Montagnac

L’église paroissiale du castrum est dédiée à saint Pierre depuis son origine et ce n’est pas là qu’il faut placer le prieuré cité en 1113, propriété de l’évêque de Riez et donné à l’abbaye de Lérins. Aucune ruine ni aucun toponyme sur les cartes actuelles ne permettent de le localiser. Il faut recourir au cadastre de 1825 pour découvrir dans la section A 2 un quartier appelé Adrech de Notre Dame, situé au nord du village et à l’est de la route menant à Riez. On peut situer ce quartier aux environs du lieu-dit actuel Plaines d’Ancouers. Au sud de cette section, dans la section B 1, c’est le quartier de l’Hubac de Notre Dame avec un bâtiment appelé Notre Dame (parcelle 93). Ces deux lieux-dits correspondent à deux chapelles signalées par Cassini en 1788, situées dans les mêmes lieux, sous les noms de Notre Dame de Montarnet  et de Notre Dame de Bon Vallon. C’est la première qui est figurée par le cadastre, au sud de la deuxième. Laquelle des deux est celle qui appartenait à Lérins au XIIe siècle, il n’est pas possible de le dire actuellement. Dans tous les cas nous sommes en présence de deux édifices situés en milieu ouvert, dont l’un existait déjà au début du XIe siècle en possession de l’évêque de Riez. Ils peuvent donc faire partie de ces premières églises rurales pré castrales.

278. Chapelle Saint-Christophe

Elle n’est pas citée par les textes avant le XIXe siècle, mais figure en état sur Cassini en 1788 et sur le cadastre de 1825, section B 2, parcelle 45, au bout d’un diverticule se détachant vers le nord du chemin de Moustiers. Elle est citée lors de chaque visite pastorale entre 1845 et 1894, comme chapelle rurale St Christophe.  De temps en temps elle est en mauvais état ou convenable selon l’appréciation des visiteurs. Le cadastre la figure orientée nord/sud. Elle apparaît sur les cartes actuelles comme décrit plus haut, au bout d’un diverticule se détachant de la D 111, à 400 mètres à l’est du village. La titulature dirige vers une chapelle érigée au XVIe siècle avec comme protecteur saint Christophe, l’un des plus efficaces contre la peste et les fléaux avec saint Roch. La paroisse l’a alors adopté comme patron avec saint Antoine, patron des cultivateurs (Féraud, p. 158).


MONTPEZAT

Mont Pesad  est cité en 1138 (Atlas, p. 186) et le castrum de Monpesato  en 1252 avec comme seigneur l’évêque de Riez (Enquêtes, n° 564, p. 358). Bartel (p.58) confirme cette possession des évêques de Riez, ainsi que l’abbé Féraud (p.150) et ils ajoutent que l’église est sous le titre de saint Julien. Bartel en 1636 apporte la précision que le pont construit sur le Verdon est appelé Silvestre, le village est non longe a Ponte lapideo dicti Vardoni, sub nomine Silvestri, « non loin du pont de pierre sur ledit Verdon du nom de Silvestre » (p. 58). Ce pont figure sous ce même nom sur la carte de Cassini (TA et section A 3) et sur les cartes modernes. Comme celle de Montagnac, l’église paroissiale est desservie par un prieur, prior de Montepesato, cité en 1351 (Pouillés, p. 110). Elle est classée MH depuis le 4 juillet 2003.

279. Chapelle Saint-Saturnin

Elle n’est citée par aucun texte d’archives. Seule la carte Cassini mentionne une Rne St Saturnin et le cadastre de 1825 un bâtiment apparemment en état, dit St Saturnin (section C 2, parcelle 157) figurant une nef prolongée vers l’est par une abside en hémicycle et un bas-côté du côté sud accolé à la nef. Deux descriptions sont données, la première par Alpes Romanes : en plein champ, non loin des rives du Verdon, au lieu-dit « ferme Saint-Saturnin », le chevet d’une très vieille église transformée en maison. L’église a de fait conservé sa belle abside en hémicycle, un peu plus étroite que la nef….  Le monument date vraisemblablement du XIe siècle (p. 54-55) ; la deuxième par R. Collier : à Montpezat, en contrebas du village et près de la rivière, une très vieille église aménagée en ferme et dite saint Saturnin. Il subsiste surtout l’extérieur de la construction primitive, avec son abside en hémicycle, plus étroite que la nef, une partie des murs gouttereaux ; l’appareil est régulier, en petites pierres de taille presque cubiques, à gros joints et la baie axiale, étroite, à linteau échancré, atteste aussi la fin du XIe siècle (p. 64). Nous sommes encore en présence d’une de ces églises en plein champ, isolée de toute habitation dont on ignore tout, mais dont l’architecture dénonce le premier âge roman, édifice (re)construit peut-être à cette période et pouvant remonter au haut Moyen Age.

Synthèse

Sans quelques précieuses et minimes indications, les premières églises rurales de Montagnac et celle de Montpezat n’auraient jamais pu être décelées. C’est dire si tant d’autres ont disparu corps et biens sans laisser aucune trace.

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