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communes

Faisait partie du diocèse et de la viguerie de Digne, aujourd’hui dans le canton de Digne Ouest. Population disséminée sur 1489 hectares. Terroir délimité par le torrent des Duyes à l’ouest et par la Bléone au sud. Au sud, également, passage de la voie antique Vence/Castellane/Sisteron, aujourd’hui N 85 ou Route Napoléon. Terroir de collines entre 500 et 900 m d’altitude. C’est en 1180 qu’apparaît l’église d’Aiglun, ecclesia de Aiglesino, lors de la confirmation des biens du chapitre de Digne par le pape Alexandre III (Isnard, p. 136). Treize ans plus tard Bertrandus de Aiglesino est cité comme témoin lors d’une controverse opposant le prieur de Gigors et le seigneur de Bellaffaire (CSV II, n° 992, p. 445). Puis, les Pouillés du diocèse de Digne, en 1351, indiquent que la prébende du chapitre se monte à 18 livres et celle du chapelain à 10 livres. Enfin, en 1376, le chapelain de l’ecclesie de Egleduno perçoit 8 florins pour deux ans (p. 255 et 258).

1. Chapelle Saint-Jean

Elle est sise sur une colline, au centre de la commune. Aujourd’hui en ruine, il subsiste, selon Collier (p. 63), les murs gouttereaux de la nef à trois travées, l’abside en tuf voûtée en cul-de-four, des sortes de minuscules absidioles flanquant la dernière travée de la nef. Il la date de la fin XIe-début XIIe siècle. Le site de la commune d’Aiglun sur Internet présente un historique de cette chapelle. Il note auprès de l’édifice la présence de nombreux fragments de tegulae romaines que ne signale pas d’ailleurs la CAG (n° 001, p. 73). Il en donne ensuite une description.

Il est probable que nous sommes sur le site de la première église paroissiale. Elle devait dépendre de l’évêque de Digne. La présence de témoins antiques laisse envisager une occupation au haut Moyen Age. La titulature à saint Jean correspond bien aux patronages des premières églises. L’édifice présente de nombreux remaniements jusqu’à l’époque moderne. Il figure en état sur la carte de Cassini (n° 153). Lors de la visite pastorale du 19 octobre 1857, la chapelle est signalée en bon état. Puis, en 1865, elle a besoin de réparations et en 1872, il faut la réparer (2 V 87). Elle ne figure pas dans la liste des lieux de culte établie en 1899, signe de son complet abandon. Un cimetière devrait apparaître lors de sondages éventuels.

2. Eglise Sainte-Madeleine du Viel Aiglun

Il s’agit de l’église du castrum. L’abbé Féraud (p. 55) et R. Collier (p. 180-181) pensent que la date de 1555 gravée sur le portail correspond à son édification. Pour Collier, son architecture renvoie bien à celle du XVIe siècle. La titulature à sainte Madeleine conforte cette hypothèse, le culte de cette sainte de Provence s’étant renforcé à partir de ce siècle (exemples parmi d’autres : églises de Valernes et de la Motte-du-Caire). Cependant il est difficile d’imaginer qu’une église paroissiale antérieure n’ait pas existé au centre du village fortifié avec le château. La chapelle Saint-Jean est beaucoup trop éloignée pour assurer un service paroissial confortable. Les traces d’un édifice plus ancien se remarquent au bas de la  façade ouest de l’église par un appareil lité de petits galets. D’autre part, le toponyme St-Martin qui figure dans la pente Est du site pourrait correspondre au premier titulaire de l’église.

Le dépeuplement du village perché va commencer à la fin du XIXe siècle et se poursuivre jusqu’en 1942 où il sera complètement abandonné. Réinvesti à partir de 1962, il va retrouver vie et l’ « Association des amis du Viel Aiglun » restaure l’église à partir de 1980. Entre temps, une nouvelle église dédiée à sainte Delphine est construite en 1974 au centre du nouvel habitat situé près de la N 85, ainsi qu’un nouveau cimetière à l’écart.

Synthèse

Le centre communautaire a ainsi connu trois localisations correspondant aux phases successives de l’habitat et du peuplement : une église isolée sur une colline desservant un habitat dispersé, sur un site antique, peut-être d’origine carolingienne ; une église castrale au centre du village fortifié élevée au cours des XIe-XIIe siècles ; une dernière église issue du regroupement de la population dans la plaine, à l’époque contemporaine, après l’abandon de l’église castrale.

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Faisait partie du diocèse de Riez et de la viguerie de Moustiers. Aujourd’hui dans le canton de Riez. Sur le plateau de Valensole, au sud-ouest de la commune de Riez. La CAG (n° 004, p. 74-75) fait état de plusieurs sites antiques sur la commune traversée par une voie antique en rive gauche du Colostre reliant Riez à Aix-en-Provence.

En 1182 apparaît un certain Isnardus de Alamannia (CSV I, n° 223, p. 250). Au début du XIIIe siècle sont cités deux castra, le castrum Alamanie et le castrum castelleti B. d’Autana. Ce dernier et sa communauté seront réunis à celle d’Allemagne au XVe siècle (Atlas, p. 160). Les deux communautés possèdent chacune une église paroissiale desservie par un vicaire. 1274 : vicarius de Alamania, vicarius Castelleti. 1351 : vicarius de Alamania, ecclesia Castelleti subtus Regium (Pouillés p. 106, 110 et 112). Ce Castellet est dit subtus Regium, sous Riez, pour le différencier des autres Castellet.

La carte de Cassini (n° 153) révèle, outre l’église paroissiale :
. une chapelle Notre-Dame de la Colle, rive gauche du Colostre
. une chapelle Saint-Pierre sur l’autre rive, en face
. une chapelle Saint-Eloi, à l’entrée du village à l’ouest
. une chapelle St-Marc à l’est du village.

3. Notre-Dame de la Colle sur une motte castrale

La CAG reconnaît à 700 m au sud-ouest du village une motte castrale médiévale (n° 004, p. 74-75). Etudiée par Daniel Mouton, elle se présente sous la forme d’une plate-forme de 26 m x 15 m, défendue par un fossé côté est. A l’ouest se dressait une chapelle orientée N-E et dont les caractéristiques architecturales nous reportent au second âge roman provençal (1) . Ce sont les seules bribes de renseignements connus, car Achard, Féraud et les documents ecclésiastiques n’en font pas mention. Le qualificatif attribué à Notre Dame, de la Colle, est fourni par la carte de Cassini. Elle figure en état en section D 1, parcelle 190, sur le cadastre de 1825, sous l’appellation Notre Dame.

4. Chapelle Saint-Pierre

Elle est seulement signalée par la carte de Cassini. Un quartier St-Pierre apparaît encore sur les cartes actuelles de l’IGN, mais sans aucun bâtiment ni ruine.

5. Chapelle Saint-Eloi, protectrice des chevaux

Elle est mentionnée le 10 novembre 1866 comme chapelle de confrérie, dans le village et en bon état (2 V 90). L’enquête de 1899 nous renseigne qu’il existait une chapelle à l’entrée du village, sur le bord de la route en venant de Saint-Martin. Autrefois messe dite une fois ou deux par le curé. Aujourd’hui, bénédiction des animaux le 24 juin jour de saint Eloi. Ce saint est particulièrement vénéré en  Basse Provence où il est associé à saint Jean que l’on fête le même jour. D’abord patron des maréchaux-ferrants, il devient patron des agriculteurs et des bêtes de somme. C’est en son honneur que sont organisées les courses de chevaux et les cavalcades (2). A l’issue de la messe dite à l’église ou à la chapelle dédiée au saint, le prêtre bénissait et aspergeait d’eau bénite les chevaux rassemblés. La chapelle, dédiée à saint Eloi, figure sur la carte de Cassini. De 1866 à 1888, elle est dite chapelle de confrérie et en bon état. Le 19 août 1891, elle est reconnue en mauvais état (2 V 90 et 93).

6. Chapelle Saint-Marc, premier lieu de culte commémoré par un pèlerinage

C’est Bartel en 1640 (p. 48-49) qui qualifie l’édifice de très ancien petit sanctuaire (sacellum) dédié à saint Marc évangéliste, construit au sommet d’une colline. Puis Achard relate que non loin du village sur la cime d’une colline située à la droite en entrant dans le chemin d’Allemagne à Riez, est une Chapelle dédiée à S. Marc, où les habitants se rendent en Roumavagi le jour de la Fête de ce Saint, leur patron. L’abbé Féraud reprend le même récit : on trouve, sur le coteau de Saint-Marc, une chapelle dédiée à ce saint, qui est fort ancienne, et où les habitants se rendent en roumavagi le 25 avril. L’enquête sur les lieux de culte du diocèse de Digne en 1899 confirme : chapelle rurale Saint-Marc sur le côteau de ce nom. Coutume séculaire sans autorisation écrite : messe deux fois par an par le curé le 25 avril et le lendemain ou surlendemain (3) . Cette coutume perdure encore aujourd’hui le jour de la saint Marc, 25 avril.

Saint Marc est non seulement le patron de la paroisse, mais également le titulaire de l’église paroissiale. Celle-ci correspond à l’église du castrum qui s’est constitué au cours du XIIe siècle. Elle a repris la même titulature de l’église qui l’a précédée. Construite sur un promontoire, à 700 mètres à l’est du village, la chapelle Saint-Marc, plusieurs fois remaniée, présente, selon R. Collier, trois chapelles (qui) ont dû se succéder avant l’actuelle : un édicule quadrilobé, une chapelle du XIe siècle, une autre du XIIe ou du XIIIe siècle, prise dans la précédente (p. 134) . Du matériel préromain a été repéré sur la plate-forme qui a été aménagée par un fossé et un mur de pierre sèche qui pourraient remonter à l’époque médiévale, formule bien vague (4). Seul, R. Collier pressent que cette chapelle remonte au-delà du XIIe siècle comme ne le suggèrent pas D. Mouton et la Carte Archéologique. Le pèlerinage séculaire vers le premier lieu de culte semble confirmer cette observation.

7. Eglise du Castellet

Les seules mentions de l’habitat et de l’église sont fournies aux XIIIe et XIVe siècles, castrum et ecclesia Castelleti. Suite à la grande peste, le site est abandonné et son terroir rattaché à celui d’Allemagne. D’après la CAG (p. 75), il faut situer le site en bordure de la vallée du Colostre (rive gauche), à environ 1 km au nord-est de La Moutte (altitude : 550 m). Y ont été découverts plusieurs monnaies romaines ainsi que des restes de fortifications et une motte tronconique peut-être médiévale. Le lieu-dit St-Antoine, au pied de l’éperon du Castellet, rappelle peut-être la dédicace de l’église.

Synthèse

Le territoire paraît avoir été investi dès le haut Moyen Age, avec en particulier l’église Saint-Marc élevée sur un site antique et qui pourrait être à l’origine de la communauté. Le pèlerinage annuel traduit encore aujourd’hui cette pérennité de la mémoire collective. La chapelle disparue de Saint-Pierre, en milieu ouvert, pourrait relever également de cette période. Au début du deuxième millénaire, s’élèvent deux mottes castrales, dont celle du Castellet va former un castrum éphémère. Puis se construit le village actuel, regroupant la population. Enfin, après les guerres et la peste, une chapelle dédiée à saint Eloi est élevée à l’entrée du village en protection des troupeaux et contre les fléaux.


(1) Mouton Daniel, « Les fortifications de terre de la Provence médiévale : l’exemple du bassin de la Durance moyenne », Bastides, bories, hameaux. L’habitat dispersé en Provence, Mouans-Sartoux, 1986, p. 118. Manque la description des ruines de l’église.

(2) Benoît Fernand, La Provence et le Comtat Venaissin. Arts et traditions populaires, Aubanel, 1975-1992, p.244-245.

(3) Achard, I, p. 207. Féraud, p. 156. Lieux de culte, 1899, n° 6.

(4) Mouton Daniel, op cité, p. 118. Carte archéologique, n° 004, p. 74.  

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Faisait partie autrefois du diocèse de Senez. Très grande commune de 11665 hectares située dans le Haut-Verdon, elle a été investie par de nombreux petits hameaux tout le long de la vallée. Cette multiplicité a engendré la création de trois paroisses succursales au XVIIe siècle (La Foux, Bouchiers et Baumelle), ainsi que pas moins de 29 chapelles. L’enquête sur les lieux de culte de 1899 n’en recense plus que 10 (1). Outre l’église paroissiale, une chapelle retient particulièrement l’attention, celle de Saint-Pierre.

C’est vers 1056, dans la charte concernant Colmars, qu’est cité pour la première fois Allos. Plusieurs personnages, avec leurs femmes et leurs enfants, font don à l’abbaye de Saint-Victor de Marseille, de la dîme des fromages des Alpes qui sont produits à la Collo Martio (Colmars) et à ad Alodes (Les Alleux). En outre, ils donnent la dîme des poissons du lac qu’ils appellent Levedone (lac d’Allos). Sont ensuite énumérés les confins et limites des lieux où ces dîmes seront perçues par les moines (CSV II, n° 765, p. 110).

10. La chapelle Saint-Pierre, ancienne paroisse.

La tradition, tenace, répète que la chapelle Saint-Pierre était l’ancienne paroisse. Cela commence par Mgr Soanen en 1699 lors de sa visite pastorale : la chapelle de St Pierre qui est l’ancienne paroisse dont les prieurs tirent son nom (ADAHP, 2 G 17, f° 154). L’enquête sur les lieux de culte de 1899 confirme : la chapelle de S. Pierre, sur le chemin de Bouchiers, est la plus ancienne chapelle d’Allos, autrefois église paroissiale. L’abbé Pélissier, dans son histoire d’Allos de 1901, reprend ces données et ajoute que la tradition dit également qu'il y avait un cimetière à côté de cette chapelle, et la tradition est ici appuyée sur l'usage immémorial de chanter, chaque année, le jour de la fête de saint-Pierre, à l'issue de la messe, un Libera pour les morts qui reposent dans ce cimetière. Ces morts sont très nombreux, puisque l'action du temps, en corrodant peu à peu le petit plateau, surtout du côté du levant, met sans cesse à découvert des ossements humains. Puis, il tente une explication : il y a donc eu en cet endroit une agglomération d'habitations, à l'occasion d'une ou de plusieurs calamités publiques. Or, après avoir étudié avec soin les traditions locales et ce que disent les historiens provençaux de la première invasion musulmane, j'estime que nos pères ont cherché, pour la première fois, un refuge à saint-Pierre, pendant cette invasion. Le quartier est aujourd'hui tellement dénudé par les orages qu'il ne conserve plus que quelques rares vestiges des murailles qui l'entouraient autrefois. Longtemps après les Sarrasins, deux tours le défendaient : l'une, au levant, près du bois de Vacheresse ; l'autre, au couchant, sur la rive gauche du torrent de Bouchiers, et dont on voit encore les premières assises dans un champ nommé la Tourré, qui fait partie de la campagne de la Basse-Collète. Ces tours ont été construites probablement lorsque le vicomte de Turenne ravageait la Provence, ou à l'époque des guerres de religion, car la distance qui les sépare des anciennes murailles, qu'elles devaient défendre, nous prouve qu'elles n'existaient pas avant l'invention de la poudre à canon (2) .

11. Notre-Dame de Valvert

La paroisse d’Allos est sous le titre de Notre-Dame de Valvert et a pour patron saints Pierre et Paul. Elle dépendait de la mense épiscopale de Senez. Ecartée du village, elle ne sert que pendant l’été, la chapelle Saint-Sébastien, construite dans le village, faisant office de paroisse pendant l’hiver. Si les abbés Pélissier et Féraud la datent du XIe siècle, les historiens actuels la situent plutôt au XIIIe siècle (3) . La CAG (n° 006, p.76) fait état de découvertes anciennes près du cimetière et de l’église consistant en tombes en pleine terre et sous coffres de dalles, parfois accompagnées de mobilier médiéval (pégaus). Ici encore le terme médiéval reste très imprécis.


Synthèse

Il ressort une donnée qui ne semble  pas souffrir de contredit, Saint-Pierre est l’ancienne paroisse et la tradition de venir prier pour les morts du cimetière conforte ce fait. Cette paroisse est liée, selon l’abbé Pélissier, à un village fortifié dont il restait quelques vestiges qu’il a remarqué au début du XXe siècle. Or le village actuel d’Allos a été créé lors de l’enchâtellement aux XIIe-XIIIe siècles. Des restes de fortifications sont encore repérables aujourd’hui. Il faudrait donc admettre que Saint-Pierre a été créé auparavant. L’hypothèse de l’abbé Pélissier avançant la première invasion musulmane, c’est-à-dire IXe-Xe siècle, pourrait se révéler judicieuse. Cependant si Saint-Pierre est l’ancienne paroisse pour les habitants qui ont créés le castrum d’Allos au XIIe siècle, Notre-Dame de Valvert pourrait être encore plus ancienne et la paroisse originelle. Les tombes du haut Moyen Age, son établissement en milieu ouvert, près du Verdon, confortent cette hypothèse. Il y aurait donc eu une première paroisse dédiée à Notre Dame durant la période carolingienne. Au IXe-Xe siècle, lors des troubles, l’habitat se serait perché plus haut dans une agglomération fortifiée avec une église dédiée à Saint Pierre et son cimetière. Le calme revenu, l’habitat serait de nouveau redescendu près de la première église, pour bâtir un nouveau castrum à proximité.


(1) En voici la liste : Outre l’église paroissiale, récemment restaurée, qui est éloignée de la ville et ne sert que pendant la belle saison. 1° Chapelle de S. Sébastien, qui sert d’église paroissiale pendant l’hiver, au centre de la la ville. 2° Chapelle de S. Roch, sur le chemin de Colmars. 4° Chapelle de S. Pierre, sur le chemin de Bouchiers, la plus ancienne chapelle d’Allos, autrefois église paroissiale. Le curé ne dit la messe dans ces chapelles, celle de S. Sébastien excepté, que le jour de la fête patronale. Elles n’ont d’autres titres qu’un usage antique. Même observation pour les chapelles suivantes, qui sont dans les hameaux et qui servent en outre quand le curé doit porter les sacrements dans les hameaux. 5° N.D. de Grâce, au quartier de Guiman. 6° S. Jacques et S. Philippe au Seignus-Bas. 7° S. Laurent, diacre, au Seignus-Haut. 8° Ste Brigitte au quartier de ce nom. 9° Ste Madeleine, au Villard-Bas. 10°. N.D. de la fleur, au Villard-Haut.

(2) Pélissier, Histoire d’Allos, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, Digne, 1901.

(3) Collier (p. 114-115). Alpes Romanes (p. 323-326). Atlas Historique (p. 159-160). Bailly (p. 45).

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Faisait partie du diocèse de Senez et de la viguerie de Castellane. Aujourd’hui dans le canton de Saint-André-les-Alpes. Terroir montagneux traversé par le torrent de l’Ivoire (altitude moyenne du torrent : 1050 m). Au XVe siècle, la communauté de Vauclause située au nord d’Allons lui est rattachée. Elle comprend 12 feux en 1315, soit une soixantaine d’habitants. Aucune église paroissiale  n’y est mentionnée lors de l’enquête de 1278.  La paroisse d’Allons vénère deux saints : Domnin et Martin qui ont chacun une chapelle hors du village. Celle de Saint-Martin est facilement datable, créée par les moines de Saint-Victor au début du XIIe siècle. La fondation de Saint-Domnin apparaît être antérieure, sans doute à l’époque carolingienne. Toutes deux faisaient l’objet d’un pèlerinage avec procession et messe le jour de la fête du saint.

8. La chapelle Saint-Martin, prieuré de Saint-Victor

En 1042, Pontius Silvanus donne à Saint-Victor un manse in villa quam nominant Alons. Le manse  est tenu par Girardus Pecia Cudas. Le terme villa remonte à l’époque carolingienne et désigne un grand domaine avec les fermes (manses) et ses annexes, ainsi que des terres, près, bois, etc. Elle appartient à un riche propriétaire, Pons Sylvain, qui réside à Annot. Il a confié la gestion d’un de ses manses à un tenancier nommé Girard. Il en fait don aux moines (1) . Ceux-ci s’y installent et construisent une cella, un prieuré, qui est citée en 1113 (CSV II, n° 848, p. 238). L’église du prieuré apparaît peu de temps après, en 1122, ecclesia sancti Martini de Alonz (CSV II, n° 777, p. 123). A la même date de 1122 est citée, outre l’ecclesia sancti Martini de Alonz, la parrochia de Alonz. Une église paroissiale a été créée dans le village où s’est regroupée la population. Elle reprend la titulature de l’église du prieuré, saint Martin. Celui-ci est encore cité en 1135, cella de Alunz (CSV II, n° 844, p. 227).  Après cette date le prieuré n’est plus nommé.

En 1278, il n’existe nec domus religiosa nisi prioratus dicti loci, mais l’église paroissiale est tenue par un prieur et la collation appartient à l’abbé de Saint-Victor.  La famille Silvain d’Annot citée en 1040 possède encore une maison noble à Allons, domus Salvani de Annoto (Enquêtes, p. 429-430, n° 843-844). Le prieuré n’apparaît pas dans les listes du 17 septembre 1337 concernant l’évêché de Senez dont dépend la paroisse d’Allons. Complètement abandonné, le prieuré tombe en ruine. La carte de Cassini (n° 153) signale encore le cimetière et ancienne église à son emplacement.

Un autre castrum va connaître une vie éphémère, celui de Vauclause situé au nord de la commune. Il est cité lors de l’enquête de 1252, apud Vallem Clausam, mais il n’abrite pas de maison religieuse et ne possède pas d’église paroissiale (Enquêtes, p. 429, n° 841-842). Cette absence est confirmée par les Pouillés de 1300 où est cité un seul prieur pour les deux castra, prior de Alonsio et Vallis Clause (p. 290).

Le coutumier de 1835 précise que l’on fait la fête de saint Martin, patron de la paroisse, le 11 novembre et en 1899 que la chapelle s’ouvre le 15 août pour les vêpres et le lundi après le 16 septembre pour la grand’ messe. Elle a été bâtie en 1856 par les habitants sur l’emplacement de la vieille église  après délibération du conseil municipal et autorisation préfectorale du 5 mai 1855. La visite de 1858 est encore plus précise : commencée seulement en 1854 et non encore achevée elle est sous le vocable de l’Immaculée Conception de la Ste Vierge, de saint Joseph et de saint Martin (2 V 90). En fait, la nouvelle chapelle n’a pas été construite sur l’ancienne, mais plus près du village.

9. La chapelle Saint-Domnin, premier protecteur

Si saint Martin est le titulaire de la paroisse, saint Domnin en est le patron protecteur. Une chapelle existe encore aujourd’hui sous le titre de saint Domnin. En milieu ouvert, il pourrait s’agir de la première paroisse, celle qui a précédé celle du prieuré de Saint-Martin. Elle est située au quartier de la Moutière, déformation du mot moutier, moustier, monastier, monastère. Il est possible d’envisager une première paroisse carolingienne fondée par un monastère dont il ne subsiste plus que le toponyme évocateur. Un autre toponyme à proximité renforce cette hypothèse, le Ravin des Villas et les Villas. Les moines de Saint-Victor, en arrivant au XIe siècle, apportèrent le vocable de saint Martin, mais les paroissiens, tout en acceptant ce patronage, voulurent garder leur premier protecteur, saint Domnin, premier évêque de Digne que l’on fête le 16 septembre (2) .

Le coutumier de 1835 relate que le 16 septembre on célèbre dans la paroisse la translation des reliques de saint Domnin, premier évêque de Digne. En 1848 il est même précisé que la paroisse d’Allons possède de vrais reliques de saint Domnin, évêque de Digne, elles furent apportées de ce lieu il y a environ 150 ans. A cette date, la chapelle est en mauvais état. Dix ans plus tard, la chapelle saint Domnin est fort ancienne et très petite et est située à la distance de 5 km à peu près du village. En 1872, elle est toujours en mauvais état, puis en 1870 et 1872 en assez bon état (3). Enfin, en 1899 l’enquête sur les lieux de culte confirme le pèlerinage : que la chapelle dédiée à saint Domnin, à 3 km sur la route d’Allons à Saint-André, a été bâtie à une date inconnue sur un terrain particulier. Elle s’ouvre le 13 février et le 16 septembre avec une procession et une grande messe. Bailly (p. 45) la décrit ainsi : en bordure d’une prairie dans un site alpestre magnifique, à proximité d’un torrent aux eaux claires et fraîches. Petit édifice, certainement du XVe siècle, à deux travées et abside semi-circulaire de style roman. On remarque que l’abside est orientée vers l’est.

Synthèse

Le site de Saint-Domnin paraît bien se révéler de la période carolingienne et être à l’origine de la première communauté paroissiale. Il est situé au pied de la colline du Castelas où s’élevait un oppidum protohistorique. Un deuxième site pourrait également relever de la même période, celui de la bastide d’Haut-Ville, à 1 km au NE du village. Il pourrait s’agir d’un domaine carolingien situé sur une colline, la villa haute, avec des terres cultivables aux abords du Ravin des Combes (altitude : 1124 m). Le prieuré de Saint-Martin créé par Saint-Victor au XIe siècle va donner sa titulature à l’église du village.


(1) CSV II, n° 779, p. 128. Ego Pontius Silvanus, pro remedio anime mee et pro animabus parentum meorum, dono Deo et sancto Victori, Massiliensis monasterii, martiri Christi, et ejus congregationi duos mansos, unum in villa quam nominant Alons, quem tenet Girardus Pecia Cudas, et alium in castra quem nominant Petriscum, quem tenat Abundius.

(2) En fait, le premier évêque de Digne fut saint Vincent et non saint Domnin, son compagnon, comme on l’a cru fort longtemps.

(3) Visites pastorales de 1848, 1858, 1870 et 1872 (ADAHP, 2 V 90).

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Faisait partie du diocèse de Senez et de la viguerie de Castellane. Aujourd’hui dans le canton de Saint-André-les-Alpes. Petite commune de 983 hectares qui n’a jamais compté plus de 300 habitants.

12. Prieuré Notre-Dame et Saint-Honorat

Angles n’apparaît pas dans les textes avant le XIIIe siècle, Anguli. On ne sait quand les moines de Lérins y fondent un prieuré sous le titre de Notre-Dame et de Saint-Honorat. Il est probable que c’est l’évêque de Senez qui les installe dans le territoire en leur donnant quelques terres et leur confiant la gestion de l’église paroissiale. C’est en 1259 qu’est donnée la confirmation des possessions de l’abbaye de Lérins par le pape Alexandre IV, dont in diocesi Senensi, ecclesia sanctae Mariae de Anglis (CL 2, n° IV, p. 6). L’enquête de 1278 reconnaît que l’église paroissiale dont le prieur est Bo. de Comis, moine de Saint-Honorat, et dont la collation appartient à l’abbé dudit monastère. Le seigneur est Gau. Balbus et dame Adalaisia (p. 428, n° 836). Le deuxième prieur connu est Jacques Flory en 1390 (ADAM, H 900). Les moines, en 1360, avaient déjà établi la location d’un casal en faveur de Pierre Atenoleti, puis en 1376 les biens du prieuré en faveur d’Antoine Mistral, puis d’Honoré Milon en 1390 (ADAM H 910). Le prieuré de Notre-Dame de Valvert à Vergons, dont l’origine remonte à une donation de l’évêque de Senez à l’abbaye de Lérins en 1245, est uni en 1455 à celui d’Angles (CL 2, n° XCIX, p. 164). Les deux prieurés resteront dans les mains de Lérins jusqu’à sa sécularisation en 1788 (1). Le seul souvenir du prieuré subsiste avec le quartier du Moustier situé à 300 m à l’est du village. En 1899, l’enquête réalisée par l’évêché de Digne sur tous les lieux de culte du diocèse relate qu’il existe une chapelle rurale, restes d’un ancien couvent, qui sert de temps immémorial pour la première messe de chaque dimanche, pour les baptêmes et enterrements du quartier. Elle a été construite entre 1870 et 1876. En effet en 1858, 1865 et 1870, il n’existe pas de chapelle rurale, puis en 1876, chapelle rurale Notre-Dame du Bon Secours, neuve, qui a été construite depuis la dernière visite (2 V 90).

Synthèse

Si Angles est d’abord aux mains de l’évêque, celui-ci confie le territoire aux moines de Lérins afin de le faire fructifier et assurer le service paroissial. Le prieuré sera à l’origine du village. Aucun indice ne permet d’entrevoir une fondation antérieure.

Il faut mentionner une chapelle St Jean signalée par la carte de Cassini, au sud du village. Une section du cadastre napoléonien porte d’ailleurs ce nom. Mais pas d’autres indices concernant cette chapelle.


(1)Abbayes et prieurés (II, p. 194) : Prieuré de Notre-Dame et Saint-Honorat, dépendant de Lérins, uni au prieuré de Vergons (1454). Collier (p. 87) : Le prieuré Notre-Dame de Valvert, à Vergons, fut uni en 1454 à celui d’Angles. Il n’apparaît pas avant 1245. Prieuré modeste où seuls le prieur et un moine étaient tenus de résider, il fut uni en 1454 à celui d’Angles. Ces deux prieurés restèrent la propriété de l’abbaye de Lérins jusqu’à sa sécularisation en 1788.

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