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Faisait partie du diocèse d’Apt et de la viguerie de Forcalquier, aujourd’hui dans le canton de Reillanne. Cette petite commune de 865 hectares est située à l’ouest de celle de Reillanne et en limite avec le département du Vaucluse. Après avoir été habité par 70 personnes en 1315, le territoire est déclaré inhabité en 1471. La population va se relever progressivement pour atteindre les 207 habitants en 1851. Les premières données sur les églises et les abbayes à partir du XIe siècle sont confuses. Guérard, dans son Index Général des Noms du cartulaire de Saint-Victor attribue tout un lot de chartes faisant référence à une ecclesia sancta Crucis in valle Rellianae 1. Or, en examinant ces textes, on s’aperçoit que cette église Sainte-Croix serait située plutôt vers Montjustin et Montfuron. D’autre part, la commune de Sainte-Croix faisait partie du diocèse d’Apt et certaines chartes classent l’église dans le diocèse d’Aix. Les Pouillés du diocèse d’Aix la citent en même temps que les églises de Reillanne, Villemus, Montfuron et Montjustin (GCN I, Inst. Aix n° XL, col. 48), mais elle n’est pas mentionnée par les Pouillés du diocèse d’Apt. Nous n’avons pu pour l’instant résoudre ce dilemme. Ce qui est certain, par contre, c’est la donation faite vers 1113 par l’évêque d’Apt Augier à ses chanoines de plusieurs églises, dont celles de Montsalier, Vachères, Oppedette et Sainte-Croix (Monte Celio, Vacherias, Oppeda et S. Crucis) 2. Enfin, la dernière donnée fait dépendre Sainte-Croix de l’abbaye de Carluc au XIe siècle, puis de l’abbaye de Cruis au XIVe siècle et enfin de Montmajour au XVIe siècle 3. Il faudrait pouvoir déterminer parmi ces trois données quelles emprises Saint-Victor, le chapitre d’Apt et Montmajour ont effectivement eues sur le territoire de Sainte-Croix. Il est possible que Saint-Victor n’ait eu en sa possession que des biens terrestres consistant en vignes et terres, c’est ce qui ressort des chartes concernant Sainte-Croix. Le chapitre d’Apt est en possession de l’église paroissiale et des revenus qui en découlent. Quant à Carluc, il est probable qu’il ait été à la tête d’un prieuré rural situé en dehors de l’agglomération. En effet, le cadastre de 1833, signale en section A 1, parcelle 237, un bâtiment dit Ste-Croix à 200 m au NE du village qui pourrait constituer le prieuré.

Si l’abbé Féraud date l’église paroissiale du XVIIIe siècle, R. Collier n’est pas du même avis : l’église appartient à cette catégorie de tradition romane, bien que sa nef, d’une seule travée,  soit aujourd’hui plafonnée. L’arc triomphal, en plein cintre, à pilastres rectangulaires, à impostes à méplat et doucine, semble du XIIe siècle. Le chœur actuel est formé par une travée droite, et un mur le sépare de l’abside, en cul-de-four, prise extérieurement dans un massif de maçonnerie. Le clocher-tour, accolé au chœur, peut, quoique bien repris, remonter dans l’ensemble au XIIe siècle. Il est en partie en appareil de taille soigné ; son étage supérieur, percé de baies en plein cintre, est séparé de l’inférieur par une moulure composée d’un méplat et d’une doucine ; il subsiste des vestiges de bandes lombardes (p. 151-152).

 

412. La chapelle Saint-Didier

R. Collier est le premier à signaler que la chapelle du cimetière était inconnue jusqu’à ces dernières années, enfouie sous la terre et la végétation. La nef a presque entièrement disparu, mais le choeur se maintient, avec une voûte sur croisée d’ogive, en bon appareil et en bon état. Les nervures, composées d’un tore à méplat ou à arête et de deux gorges larérales, se prolongent dans les angles sous forme de colonnettes, ayant des chapiteaux polygonaux ou du type « bobine ». Arcs formerets. Fin XIVe, début XVe (p 177-178). La CAG signale dans la chapelle Saint-Didier, à la sortie orientale du village, à l’occasion d’un chantier de restauration a été trouvé un fragment d’inscription funéraire (p. 401). Elle ne figure ni sur le cadastre de 1833 ni sur Cassini, preuve déjà de sa ruine à ces dates. Cette chapelle, en milieu ouvert, sur un site antique, pourrait relever des églises pré castrales. Restaurée.

 

Synthèse

Les données confuses ne permettent pas d’avoir une vision précise de l’état de la paroisse et des prieurés éventuels. La dépopulation à la fin du XVe siècle n’a pas favorisé la perennité des lieux de culte, en particulier ceux de Saint-Didier et de Sainte-Croix.

 


1 CSV II, p. 759. N° des chartes : 408, 410, 413, 416, 420, 421, 422, 843, 844, 848, 988, 1071.

2 Cartulaire de l’église d’Apt, Vicomte Oscar de Poli, Paris, 1900, n° 59, p. 18-19.

3 Provence Romane 2, p. 188. Atlas, carte n° 75. Féraud, p. 187. Souvenirs Religieux, p. 53. Abbayes et Prieurés, p. 30.

 

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