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Faisait partie du diocèse de Riez et de la viguerie de Moustiers, aujourd’hui dans le canton de Castellane. Cette grande commune de montagne, 3583 hectares, s’étend de chaque côté du Grand Canyon du Verdon et en limite avec le département du Var au sud. Elle apparaît très tôt dans l’histoire puisqu’est citée en 814 la Villa Rovagonis, l’un des treize domaines appartenant à l’abbaye de Saint-Victor recensé par le polyptique de Vadalde (CSV II, L, p. 651). Cette villa est composée de 9 colonges que l’on a pu situer dans la commune proche de la Palud et à Rougon même, dont Bagella et Corcione 1. L’histoire reprend au XIe siècle, après l’interruption des guerres et des dévastations du Xe siècle. C’est d’abord l’apparition en 1056 du castellum Rouagonus lors d’une donation faite à Saint-Victor (CSV I, n° 622, p. 619). Puis en mars 1096, l’évêque de Riez donne le quart des dîmes du castro Rogone à l’abbaye de Montmajour (GCN, I, Inst. XI, p. 371-372). Cette possession de l’évêque est confirmée deux ans plus tard, le 5 mars 1098, par l’énumération des églises dépendant de l’évêque de Riez, dont l’ecclesia sancte Marie de Rugua (CSV II, n° 697, p. 39). C’est à cette date qu’apparaît le qualificatif de l’église paroissiale qu’elle va garder jusqu’à nos jours, Notre-Dame de la Roche. En 1351, la prébende revient à l’évêque qui perçoit 1 livre et 16 sous, tandis que le vicarius de Roagono reçoit 2 livres (Pouillés, p. 110). A l’époque d’Achard, c’est un chanoine de Riez qui perçoit la dîme. Il ajoute que saint Christophe est le patron de Rougon, dont la fête se célèbre avec pompe le 25 juillet. On y fait aussi la fête de saint Romain, second titulaire (II, p. 316-317). Bartel confirme la titulature et le chapitre de Riez : église sous le titre de la B. Marie de Roca et de saint Romain, au chapitre de Riez (p. 61). Et le Pouillé de 1730 ajoute une précision sur la titulature : prieuré sous le titre de l’Assomption de Notre-Dame (5 G 4).

Le 9 juin 1732, l’abbaye de Lérins achète en totalité la seigneurie de Rougon alors aux mains du sieur Tardivy, seigneur de Caille, Séranon et Rougon. Le prix de vente est fixé à 46 000 livres, en louis d’or et d’argent. L’achat consiste en la terre et seigneurie de Rougon, en la haute, moyenne et basse, mère et impère juridiction, au chasteau seigneurial qui est par teste du village, en une maison séparée et pourtant dans l’enclos du même lieu, en une grange attenant au village, en une pension féodale, en un moulin à bled banal, …., en la bastide dite de Faucon et celle dite de Tieze, la ferrage au-dessus du village et pred joignant, le bâtiment des Sales, le pred dit du Four, le pred dit de la Clastre (CL 2, n° CIV, p. 169-171). Plusieurs pièces font état des arrentements, procès, ventes, relatifs à cette seigneurie jusqu’à la Révolution (Série H des ADAM, n° 889 à 898, p. 147-148).

 

404. Chapelle Saint-Christophe sur un site antique

Cette chapelle est à quelques pas du village avec le cimetière. R. Collier la décrit ainsi : la jolie chapelle de Saint-Christophe, avec son proche, sa nef de trois travées voûtées d’arêtes, ses doubleaux et pilastres à impostes, enfin son choeur à chevet plat voûté d’un berceau brisé. Fin XVIIe ou début XVIIIe siècle (p. 224). Comme on l’a vu plus haut Christophe est le premier patron de la paroisse et sa fête se célèbre avec pompe le 25 juillet. Il est fort probable qu’elle soit la première paroisse, celle ayant précédé l’église du castrum. Sur son emplacement a été détectée une villa romaine. C’est à cet endroit que passait une voie présumée antique reliant Riez à Castellane et la titulature à saint Christophe correspond bien à un site protecteur sur une voie de passage (CAG, p. 397).

 

405. Saint-Maxime ou Saint-Maymes

Ce sont dans les chartes concernant Trigance qu’est mentionné en 1056 le don fait à Saint-Victor par Arbaldus de l’église de Saint-Maxime située dans le comté de Riez, dans le territoire de la ville ou castellum de Rovagonus (CSV I, n° 622, p. 619). On retrouve ce saint Maxime transformé comme bien souvent en saint Maymes tout au sud de la commune, en limite extrême avec celle de Trigance. Un capellanus Sancti Maximi est cité en 1274 en même temps que le prieur de Rougon et il n’est tenu à aucune redevance envers l’évêché de Riez (Pouillés, p. 108). En effet à cette date le domaine de Saint-Maxime était dans les mains des Templiers. L’Ordre dissous, ce sont les Hospitaliers qui les remplacent. La chapelle et les bâtiments du prieuré servent aujourd’hui de ferme et de bergerie. Des fragments de tegulae traînent aux alentours 2.

 

Synthèse

L’église Sainte-Maxime semble bien relever d’une fondation pré castrale car citée comme existant déjà en 1056. Elle est aux mains d’un laïc qui la donne ou plutôt la restitue (redditio) aux moines. Elle faisait peut-être partie des biens de Saint-Victor à l’époque carolingienne. Sur un site vitalisé depuis l’Antiquité, elle reprend vie après l’épisode des guerres du Xe siècle. Saint-Christophe semble dans le même cas, même si elle ne fait pas l’objet de citation, mais plusieurs indices confortent cette hypothèse.

 


1 J. CRU, p. 23-25.

2 Collier, « Les Templiers en Haute Provence », BSSL, Digne, T. XXXVI, 1960, p. 195. J. Cru, p. 76-78 fournit des renseignements plus précis et donne même un plan de la maison-forte avec la chapelle munie d’une abside en hémicycle. On retrouve ce plan avec le cadastre de 1835, section C 3, parcelle 585.

 

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