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La distinction entre les deux Thorame n’apparaît qu’au début du XIIIe siècle. Auparavant, les textes ne citent qu’un vocable et il n’est pas toujours facile de les attribuer à l’une ou à l’autre des deux communes. C’est pourquoi, nous présentons, en guise d’introduction, les éléments fournis par les archives et l’histoire.

La première mention de Thorame se présente sous la forme d’Etoramina et comme une civitas ayant à sa tête un évêque nommé Severianus. Mgr Duchesne nous informe que ce dernier assista au concile de Riez en 439 et de Vaison en 442, et signa en 450 la requête en faveur du rétablissement de la métropole d’Arles 1. G. Barruol ne place pas cette civitas à l’emplacement d’un des deux villages, mais entre Thorame-Basse et Châteaugarnier, sur le mamelon située entre l’Issole et le Riou et appelé Piégut (Podium Acutum, alt. 1290) où se trouve encore une chapelle Notre-Dame-de-Thorame et les vestiges d’une tour médiévale 2. Cet évêché fut éphémère, comme celui de Briançonnet et fut rattaché à celui de Senez. La vaste vallée de Thorame, les deux communes couvrent plus de 20 000 hectares, présente une région naturelle, intermédaire entre le Haut Verdon et le sud, avec de riches cultures vivrières, un élevage florissant grâce aux nombreux pâturages et une forêt de haute futaie. En 1315, la population dépassait les 1250 habitants et les 1600 en 1765.

Il faut attendre ensuite le début du XIe siècle pour retrouver de nouveau Toramena ou T(h)oramina. Les sources proviennent du cartulaire de Saint-Victor, dont voici un bref résumé :

 

. 1009 janvier (II, n° 772, p. 119) : Rostaing donne à l’église sancte Marie in Monasterium un manse qui lui est venu de ses parents. Et ce manse est dans le territoire de castro que vocant Toramena

. 1026 octobre (II, n° 762, p. 106) : Donation à l’église dédiée à la Vierge Marie d’une cabannaria dans la villa quam nominant Toraminas, avec ses dépendances. Rostaing, clerc de ladite église, donne de son héritage une modiée de terre culte. Pons, son épouse et leur fils donnent une modiée. Albertrude, de même.

. vers 1035 (II, n° 760, p. 104-105) : Donation de la moitié de Toramina.

. vers 1045 (II, n° 776, p. 121-122) : Rappel des biens appartenant à Sainte-Marie de Castellane : une megeria qu’a donné Rostaing à Toramina, un pasquier.

. vers 1046 (II, n° 761, p. 105-106) : deux frères donnent la moitié de leurs biens possédés en frérèche

. 1079 4 juillet (II, n° 843, p. 219 : confirmation de la cella apud castrum Toramina.

. 1122 28 décembre (II, n° 777, p. 122-123) : confirmation par Aldebert évêque de Senez, des biens de Saint-Victor, dont ecclesias cellule sancte Marie et sancti Stephani de Thoramina.

. 1174 7 août (II, n° 1018, p. 478-479) : Guillaume Féraud promet d’arrêter les exactions qu’il commettait sur les hommes de l’ecclesie sancte Marie de Toramina, ecclesie sancte Marie de Prediis.

. 1218 9 janvier (II, n° 1019, p. 479-480) : Guillaume Féraud fait une donation à beate Marie de Toramina. Donatio facta in castro Toramine superioris.

. 1218 30 avril (II, n° 1020, p. 480-481) : Guillaume Féraud donne à Sainte-Marie de Thorame et à l’église le paroir de l’Iscle et son rivage avec tout le tènement (à placer sur Thorame-Haute).

. 1337 17 septembre (II, n° 1131, p. 619) : prioratus de Thoramina.

 


1 L . DUCHESNE, Fastes épiscopaux de l’ancienne Gaule, T I, Paris, 1907, p. 295.

2 G. BARRUOL, Les peuples préromains du Sud-Est de la Gaule, Paris, de Boccard, 1969, p. 380-381.

 

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