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Faisait partie du diocèse et de la viguerie de Sisteron, aujourd’hui dans le canton de Volonne. La commune de 1315 hectares est située au sud de celle de Sisteron, sur la rive droite de la Durance et occupe les dernières pentes sud de la montagne de Lure. Elle est limitée au nord par le torrent du Jabron et au sud par la commune d’Aubignosc. Elle est traversée par la RN 85 ou Route Napoléon qui recouvre en partie le tracé de la via Domitia. Divers sites ont été recensés dont un oppidum renfermant un tumulus ainsi que des vestiges de l’époque gallo-romaine (CAG, n° 145, p. 335-339). Les données sur Peipin au début du IIe millénaire sont succinctes, mais apportent cependant quelques lueurs sur l’organisation de la société. Podium Pini, « la colline des pins », apparaît en 1202 et représente la colline qui s’élève au milieu de la plaine et sur laquelle se crée le castrum avec une église dédiée à saint Martin. Celle-ci est citée en 1274 avec un capellanus ecclesie Podii Pini (Pouillés, p. 117). La paroisse dépend de l’abbaye Saint-André de Villeneuve (Abbayes et Prieurés, p. 72). C’est à partir du XVIe siècle que l’habitat va se fixer définitivement au pied de la colline et créer le village de Peipin. L’abbé Féraud date la nouvelle église de 1676 et ajoute que l’on trouve sur une colline une vieille église lézardée qui est abandonnée depuis 1793. On y voit aussi les ruines d’un château démoli, à la même époque (p. 481). L’église reprend la titulature de la première, saint Martin avec comme patron saint Pierre. L’ancienne église, comme la qualifie l’inventaire de 1906, est la propriété depuis la Révolution de Mlle de Castellane (1 V 68). Les visites pastorales ne signalent aucune chapelle rurale. Cependant, en 1274, outre le chapelain de Peipin sont signalés Ondebertus Podii Pini et le rector hospitalis Podii Pini.

 

338. Le quartier Saint-Pierre

 

Aujourd’hui, c’est une zone industrielle et de commerces située entre la Durance et la nationale. Elle porte le nom de Saint-Pierre. Le cadastre napoléonien (sans date) et Cassini indiquent un bâtiment que l’on peut situer à cet endroit. Or saint Pierre est le patron de la paroisse et comme c’est souvent le cas quand une nouvelle église est fondée, elle reprend comme titulaire celui de l’église précédente. L’église du village de Peipin a repris comme titulaire celui de l’église du castrum, saint Martin. Celle du castrum, en prenant comme titulaire saint Martin a gardé comme patron le titulaire d’une église antérieure, saint Pierre. Celle-ci était située en milieu ouvert, à proximité de la voie antique et correspond tout à fait aux premières églises rurales. Mais le défaut de documents plus probants ne nous permet pas d’aller plus avant dans cette conclusion.

 

339. L’Hospitalis de Podii Pini

 

C’est une histoire de mariage qui va déclencher une guerre entre Alphonse II comte de Provence et Guillaume IV comte de Forcalquier et qui va durer de 1191 à 1208. En 1191, Garsende, petite fille de Guillaume est fiancée à Alphonse, héritier présomptif du comté de Provence. Garsende apporte en dot le comté de Forcalquier qui était indépendant depuis le milieu du XIe siècle. Comme la qualifie Laplace cette donation imprudente que devait suivre de près le repentir …. devint la source d’une guerre cruelle que se firent les deux princes et qui ne finit qu’avec eux 1. C’est la ville de Sisteron qui va devenir l’enjeu des deux camps. Le comte de Provence l’avait investi et Guillaume ne pouvait supporter un tel affront dans son comté. Il traite les habitants de Sisteron comme des rebelles et livre le territoire à une impitoyable dévastation.

 

En 1202-1203, des pourparlers ont lieu entre les deux partis pour tenter de trouver un compromis. Ils sont relatés par le RACP (n° 29, p. 29 à 36). Entre autres choses les deux princes donnent des gages sous la forme de castra. Le comte de Provence remet dans les mains de Raimond d’Agoult les castra de Talarno, de Misone, de Podiopini, de Lebriana, de Rocam de Vols et de Vitrolam. Le comte de Forcalquier remet dans les mains de Justas les castra de Clamenciana, d’Oseda, de Canalillas et de Roinas. Dans le cas où la guerre continuerait, tous ces castra seraient alors remis in manibus Templariorum vel Ospitalariorum. Comme la guerre a duré jusqu’en 1208, les gages ont dû être cédé aux Templiers et aux Hospitaliers.

 

Peipin aurait donc échu aux Hospitaliers, ce qui expliquerait la mention du rector hospitalis Podii Pini signalé en 1274. Mais comme il n’existe plus de citation par la suite et que cartes et cadastre restent muets, il est impossible de situer cet hôpital, probablement le long de la voie longeant la Durance, peut-être aux Bons Enfants, non loin du pont franchissant le Jabron.

 

Synthèse

 

A part le déperchement caractéristique, les deux autres données demandent des confirmations. Il serait étonnant que le territoire de Peipin n’ait pas été vitalisé au cours de haut Moyen Age et le prieuré éventuel de Saint-Pierre pourrait en constituer la preuve.

 


1 Ed. de Laplane, Histoire de Sisteron, Digne, 1843, p. 75-84. Cet auteur est le seul à donner quelques renseignements sur cet épisode meutrier. Il cite Ruffi, Bouche et Papon qui n’ont fait qu’embouiller les faits, Papon ayant même traité cet article avec beaucoup de négligence. Les auteurs modernes sont encore plus modestes, ignorant totalement cet épisode. Guillaume meurt en décembre 1208 et Alphonse II le 2 février 1209.

 

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